Egypte : les coptes victimes collatérales de la grippe porcine

Au Caire (Egypte) la minorité chrétienne du pays (Les Coptes) font les frais de la peur du virus de la grippe porcine, sur fond de guerre de religion.

En effet, afin de priver cette minorité d’une ressource vitale, le gouvernement égyptien a décrété purement et simplement l’abattage de tous les porcs du pays. La manœuvre politique est grossière et elle sert surtout pour le président Moubarak, en proie à des baisses de popularité de redorer son blason à peu de frais.

Cet opportunisme est même reconnu à demi-mot par le porte-parole du Ministère de la Santé, Abderrahmane Chahin : “les autorités ont profité de l’affaire de la grippe porcine pour régler la question de l’élevage sauvage en Egypte“.

La décision de saisir les animaux est en tout cas difficilement applicable et n’a fait que raviver les tensions à un point extrême. C’est ainsi que les forces de police, chargées de venir chercher les porcs, ont été caillassées à l’entrée du principal quartier copte du Caire.

La population copte, qui défend donc avant tout son gagne-pain mais également le service qu’elle rend à la population - les porcs se nourrissant des détritus de la ville, ils suppléent par leur action les éboueurs débordés de la première mégalopole arabe - est très largement remontée et ne cédera pas : “Ils devront passer sur nos cadavres pour prendre les troupeaux” déclare un éleveur selon des témoignages recueillis par l’envoyé spécial du Monde.

Le clergé égyptien appelle ses fidèles à la modération et au calme dans ses prêches, Abouna Semaan, prêtre du principal quartier chrétien du Caire encourage ses fidèles à laisser partir les porcs contre une indemnisation de 100 livres (env. 14 euros) pour un male et 250 livres pour une femelle (35 euros), mais les fidèles n’y croient pas et ne veulent pas céder.

Devant les risques de violence le prêtre prévient la foule : « Ce que vous avez fait ce matin, ces pierres, ces batailles, est une erreur. Maintenant, la police va revenir et ce sera pire. »

Un climat tendu qui fait également les affaires des Frères Musulmans, qui possèdent des élus au Parlement et veulent par cette provocation prouver leur puissance et s’appuyer sur la persécution des coptes afin de prendre une place plus importante dans le paysage politique égyptien.

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