D'entrée, le style rappelle quelque chose : tiens, Fejtö fait son Klapisch. Il multiplie les digressions et les vignettes humoristiques, ne se gênant pas pour piquer des idées à son modèle. Seulement voilà : qu'on aime ou pas le cinéma de Klapisch, il faut bien reconnaître que le bougre est assez doué dans son genre. Fejtö, lui, empile les anecdotes sans but ni esprit, et c'est son film qui tout à coup devient lui-même anecdotique. Si L'âge d'homme ressemble à un Klapisch, c'est malheureusement aux Poupées russes, de loin le plus mauvais film de son réalisateur, une juxtaposition de scènes creuses et de mauvaises idées uniquement destinées à attirer des hordes de spectateurs peu regardants. L'âge d'homme est une bluette à la sauce testostérone, un nouveau mètre-étalon dans l'art du stéréotype et du gag tout pourri. Romain Duris, lui, fait du Romain Duris : on l'a déjà vu faire ça mille fois (et mieux) ailleurs. Pour échapper au petit jeu des comparaisons faciles, Fejtö aurait au moins pu se trouver un autre acteur. En fait, L'âge d'homme ne trouve le ton juste que dans une scène où le héros tente de copuler avec une nymphomane hystérique : pas que la finesse soit au rendez-vous, mais il y a à ce moment une vraie originalité et une vraie drôlerie. Deux caractéristiques qui font cruellement défaut à un film tout naze. "C'est pas grave d'être nul", nous dit la morale du film. Ce n'est certes pas grave, mais c'est quand même sacrément énervant.
2/10