On attendait Martine, c’est François qui aura marqué les esprits. Invité à jouer les chauffeurs de salle lors du meeting socialiste de Clermont-Ferrand le 4 mai, François Hollande a placé la barre très haut. Dans un discours enlevé ponctué de causticité et d’accents mitterrandiens jusque dans le phrasé, l’ancien premier secrétaire a confirmé sa place dans le club des prétendants aux présidentielles 2012.
A la fin de l’envoi je touche. Agile comme Scaramouche, le président du conseil général de Corrèze, venu en voisin, a fait mouche devant le millier de militants et sympathisants socialistes réunis à Clermont-Ferrand en évoquant “la grande famille socialiste” et la “double unité: unité des socialistes français et des socialistes européens”.
“Nous avons des listes de socialistes européens. Ce n’est pas simple parce que certains sont à gauche, d’autres le sont moins, mais ils sont tous socialistes. C’est ce qui doit faire notre fierté. Ils ont fait l’unité à 27. Ils ont fait l’essentiel, ils se sont regroupés, ils se sont donnés une identité. Si bien qu’aujourd’hui, ce n’est pas une campagne de Viennois ou de Cantalous, mais nous avons une campagne socialiste européenne.”
Au-delà pourtant, le député de Corrèze a assuré son succès de tribune en décochant ses flèches contre le président de la république. Un bon client ce Nicolas Sarkozy. Taper dessus c’est s’assurer la sympathie de la salle même si le sujet s’éloigne du thème de la soirée : les élections européennes. Pour le principe, François Hollande a bien évoqué le programme des socialistes (le manifesto) et appelé a faire basculer le parlement européen à gauche le 7 juin mais comme beaucoup, sans trop y croire.
François Hollande a la tête quelques scrutins plus loin. Obnubilé comme quelques-uns de ses congénères par l’échéance de 2012. “L’unité est essentielle, si elle n’est pas là, il n’y aura pas d’alternance en France. Nous sommes la seule force capable de battre la droite” en 2012.
D’ores et déjà il tisse sa toile et s’attache à retrouver les faveurs des militants mais pas seulement. Brillant tacticien, il s’emploie à neutraliser Martine Aubry. En l’écrasant par son agilité oratoire, en l’assurant de son soutien certes mais en se plaçant au-dessus. La manœuvre est cousue de fil blanc. Faire de la maire de Lille la simple tenancière de la maison socialiste, la gardienne du temple plus que la candidate naturelle des socialistes lors de la prochaine échéance présidentielle.
L’ancien locataire de la rue de Solferino confirme la ligne affichée le 26 avril dernier. Sur France 2 il s’était interrogé sur l’unité des socialistes “comment rassembler les Français si nous-mêmes nous ne sommes pas unis, fédérés” et avait estimé qu’il manque “un leader naturel, sans doute” à la tête du PS.
Pour François Hollande un leader “ça se fabrique, ça se forge, ça se démontre“. C’est de toute évidence l’exercice auquel il s’est livré à Clermont-Ferrand en prémices au lancement de son propre club de réflexion baptisé “Changer” en juin, à Lorient.