Non non les Français ne sont pas des Paresseux

Publié le 05 mai 2009 par Michelmi

Rien n’est plus faux en effet que ce préjugé d’une France paresseuse : les salariés français figurent au contraire parmi les plus productifs au monde...

Il faut, parait-il, « réhabiliter la valeur travail ». Nicolas Sarkozy en a fait le thème central de sa campagne victorieuse. Il considère que la paresse actuelle des Français est la cause principale des difficultés que rencontre le pays. Il s’agit pourtant d’une contrevérité qui aurait dû, en bonne logique, lui coûter l’élection tant le propos est insultant à l’égard des 22,5 millions de salariés, qui travaillent dur chaque jour, et des 2 millions de chômeurs, qui aimeraient pouvoir en faire autant.

Rien n’est plus faux en effet que ce préjugé d’une France paresseuse : les salariés français figurent au contraire parmi les plus productifs au monde. Selon les chiffres du Bureau of Labor statistics (BLS), organisme officiel américain donc peu suspect de socialisme militant ou de francophilie excessive, un (ou une) Français(e) qui occupe un emploi avait produit 71 900 dollars de richesses en moyenne au cours de l’année 2005.

C’est certes moins que les 81 000 dollars produits par l’employé américain moyen mais significativement plus que les 64 100 dollars d’un anglais, les 59 100 dollars des allemands ou encore les 56 300 dollars d’un japonais...

Nicolas Sarkozy devrait pourtant savoir que les salariés français ne sont pas, et de très loin, ceux qui travaillent le moins en Europe. Selon Eurostat, l’organisme statistique officiel de l’Union, un (ou une) salarié(e) français travaillait en moyenne 36,4 heures par semaine au troisième trimestre 2006. Contre 36,1 dans l’ex Union à 15. Les Français travaillent presqu’aussi longtemps que les anglais, 36,5 heures, et significativement plus que les Danois, 34,6 heures, dont le modèle social est si envié, ou encore que les Allemands, 34,5 heures, pourtant champions du monde de l’exportation. Sans parler des Néerlandais qui ne restent en moyenne que 29,8 heures au travail chaque semaine.

A niveau de richesses comparable, le chômage est plus important chez nous que chez nos voisins, c’est justement parce que ceux qui ont déjà un emploi sont particulièrement productifs. C’est la raison pour laquelle d’ailleurs la démarche des 35 heures était parfaitement censée. Et c’est pour la même raison, qu’en voulant allonger le temps de travail de ceux qui ont déjà un emploi, Nicolas Sarkozy ne ferait qu’aggraver le chômage.

Quant aux chômeurs, soupçonnés de se complaire dans leur situation, il serait pourtant difficile de les pénaliser davantage qu’aujourd’hui afin de les obliger à trouver un emploi : les chômeurs français figurent déjà parmi les plus mal traités.

Contrairement à ce que sous entend le nouveau président de la République, les salariés français ne sont donc pas des paresseux, ni les chômeurs, ou des profiteurs. Pour autant, il ne fait guère de doutes que les entreprises françaises rencontrent des difficultés importantes.

Si la paresse des salariés n’est pas en cause, ni le coût de leur travail, est-ce que les raisons de ces difficultés ne seraient pas à chercher plutôt du côté de la tête des entreprises ? De la faible qualité de leurs dirigeants et de l’inefficacité de leurs modes de gestion ? Mais il est plus facile à Nicolas Sarkozy de culpabiliser les salariés en poste ainsi que les titulaires de minima sociaux, que de bousculer les chefs d’entreprises dont un certain nombre lui sont très proches.