François Bayrou pourrait bien finalement devenir la véritable roue de secours des socialistes. Ne nous arrêtons pas aux cris scandalisés du militant outragé dans ses convictions profondes du moment. La surprise passée, il deviendra “fan” pour peu qu’on lui explique que c’est la seule voie !
En effet, en s’écartant du refus purement immédiat et réflexogène, on s’apperçoit que l’hypothèse est loin d’être ridicule.
Il y a en premier lieu l’histoire du PS sous la cinquième république. Ces institutions qui favorisent la personnalisation du pouvoir n’ont jamais fait très bon ménage avec l’idéal d’une gestion collective de la pensée. François Mitterrand lui-même, critiquait véhémentement cette forme d’exécutif, pour s’en accommoder avec bénéfice lorsqu’il lui fut confié.
Pour rester un moment avec l’homme d’Epinay et de 81; il est maintenant d’une grande banalité, sans “injurier” quiconque, de reconnaître qu’il n’était en rien un homme de gauche estampillé. Son passé, son éducation traditionnelle, ses origines sociales, sa philosophie personnelle, rien ne le prédisposait à diriger les troupes du PS. Il lui aura fallu une réflexion profonde et pragmatique pour comprendre que la seule solution pour assouvir son envie légitime de gagner, était de faire une OPA sur le PS et plus largement sur la gauche en enfumant le PC.
François Mitterrand n’a jamais appartenu au PS avant d’en devenir le patron et de le mener à la victoire que l’on sait. C’était un homme du sud-ouest, de ceux qui disent “Paris vaut bien une messe” sans pour autant rencontrer Ravaillac! Un homme de conviction personnelle.
François Bayrou, -encore un François- béarnais, -encore le sud-ouest- n’a pas écrit “le coup d’état permanent” mais “abus de pouvoir “; -ça ressemble- il se présente comme l’opposant type à Sarkozy, ne passant sur rien, ne proposant pas grand chose pour ne pas rebuter. C’est un cheminement dans le “désert” qui ressemble à s’y méprendre à celui de l’aîné.
Le PS, diront certains, n’acceptera jamais une telle tutelle; ils plaisantent. Outre le fait que ce parti a bien accepté une tutelle en dehors de ses rangs il y a quarante ans, il n’aura guerre d’autres solutions s’il veut revenir aux affaires. Oui ! Pourquoi pas ? Mais pour faire quoi ? Diront ceux qui vont céder aux sirènes mais veulent sauver les apparences. Question sans aucune importance et tout le monde le sait bien, tant il est vrai que les promesses sont souvent oubliées ou bafouées. Que l’on demande au PC ce qu’il en pense : le programme commun !
On se rappelle bien sûr l’échec des appels du pied de Ségolène entre les deux tours de 2007; ils étaient très maladroitement formulés, trop tardifs, insuffisamment préparés, mais précurseurs. Ils étaient peu recevables par un Bayrou en position défavorable, ce qui ne sera pas le cas la prochaine fois. François Hollande, -encore un François-, dernièrement a d’ailleurs ouvert à nouveau le dossier en recommandant des discussions exploratoires avec le Modem.
Le PS irrémédiablement laminé à gauche par les ultras, en difficulté au centre, et incapable de régler ses divisions internes, à l’image du PS d’Epinay à l’époque, n’aura d’autres possibilités en 2012 que de se ranger derrière Bayrou : une fois de plus il utilisera la roue de secours. La forme reste à trouver, le fond est règlé. Cette “mise en forme”, cette préparation du terrain est commencée; elle va être “croquignolette ” à suivre …
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