Soleil dans le placard
Ils arrivent !
Les verres
Fuient vers les puits
Les filles
Sous les petites fleurs des foulards
Les pommes à moitié mordues
Jetées de la véranda
Par une fenêtre dérobée
Deviennent des petites étoiles et crient dans la nuit
Le soleil
Dans un placard qui n’a jamais dansé
Me dit à l’oreille :
« Je ne sortirai plus »
*
En guise de berceuse
Tu escalades en vain l’échelle
Ta main ne touchera pas la lune rousse
La forêt
N’est pas le dessin
Sorti de ton crayon vert
Tu cries en vain
Tu n’épouvantes que les moineaux
Regarde !
Personne n’a posé de compresse
Sur le front de la lune
Où t’enfuis-tu ?
Le destin a noué tes nattes
On te ramènera
On te ramènera
Fillette
En vain ton corps se transforme
Derrière le voile et les paillettes tu disparaîtras
Et longtemps il te faudra attendre
Que fleurisse le désert
Finies les terres illimitées de l’enfance
Ici, même le brouillard ne traverse pas les barbelés.
*
Faute
Alors qu’un peu plus loin
Le monde se résume
A la pomme qu’Ève offre à Adam
Ici
Commettre une faute
C’est trouver le calme dans tes bras
Et dire que je suis fatiguée
D’entendre
La hache,
La hache abattre la forêt.
Granaz Moussavi, Les rescapés de la patience p.31, 63-64, 65 (Maison des Écrivains Étrangers et des Traducteurs de Saint-Nazaire, 2006), traduit du persan par Farideh Rava.
Contribution d’Ariane Dreyfus