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La Démocratie parfaite est d'abord une affaire de culture

Publié le 05 mai 2009 par Lheretique

J'avais mis au défi Fred, de Démocrate sans frontière, de me dire ce qu'il pensait du classement des démocraties par l'EUI. Il l'a fait. Je rebondis sur son étonnement, le 4ème critère de The Economist, la culture démocratique.

C'est pour moi un aspect essentiel d'autant qu'il conditionne la participation politique, et surtout, ce que le peuple est près à accepter ou non. Notamment, les leaders sans partage du pouvoir, la théocratie et les régimes militaires. Pour qu'une démocratie fonctionne, elle doit faire consensus. C'est une condition sine qua non, et c'est bien pour cela qu'elle échoue partout où ce n'est pas le cas. Si la démocratie a repris avec une telle vitalité et une telle facilité en Tchécoslovaquie, au lendemain de la Révolution de velours, c'est que 40 années de communisme et sept années de nazisme n'avaient pu mettre sous l'éteignoir la culture démocratique de ce pays, considérablement développée dans l'entre-deux guerres. Partout où elle avait été moins solidement implantée en Europe orientale, elle s'est imposée avec moins de facilité. Il en va des peuples comme des caractères et des vertus d'Aristote dans son éthique à Nicomaque. Même si la disposition y est moindre, en pratiquant, on peut acquérir les moeurs démocratiques. Mais c'est plus long et cela demande plus d'efforts.

Mais, in fine, je m'accorde surtout avec l'idée que François Bayrou développe dans son Abus de pouvoir sur les peuples et l'histoire des peuples : les peuples, comme les individus, ont une mémoire, les souvenirs fussent-ils logés dans leur inconscient collectif. Cette mémoire n'est pas seulement politique : qui se souvient que la Pologne était plus développée économiquement que l'Espagne en 1939 ? ou, pour reprendre l'exemple de la Tchécoslovaquie, que ce pays avait une industrie florissante (armements, automobiles, chaussures, pour citer quelques fleurons emblématiques) ? Rien d'étonnant à ce que Polonais et Tchèques se soient assez vite retrouvés à l'aise dans une économie moderne. Je pourrais multiplier ainsi les exemples. Bref, quand la démocratie s'est implantée dans la culture collective d'un peuple, assurément, la solidité d'un régime démocratique y est plus assûrée. The economist a donc bien raison de donner une telle importance à ce critère.

Et puis Fred conclut son billet ainsi :

Moralité ? Ce classement est l'occasion de mettre en perspective nos pratiques politiques. Il me laisse pourtant insatisfait.

Qu'est-ce qu'une démocratie qui ignorerait le droit des générations futures à une planète vivable ?

Qu'est-ce qu'une démocratie qui ignorerait la responsabilité des personnes, dont l'objectif ne serait pas de maximiser la contribution de chaque personne au bien commun ?

Qu'est-ce qu'une démocratie nationale qui verrait dans les droits de l'homme hors de chez elle, une "contradiction permanente" avec sa "politique étrangère" ?

ces critères ne sont pas, sauf erreur de ma part, dans le champ de réflexion de The Economist. Il y a encore à construire, non seulement la démocratie, mais la conscience de la démocratie.

Je comprends bien le souci de Fred, mais les critère qu'il cite entrent dans le champ d'exercice de la démocratie non dans son champ de définition. Et pour le bien commun, je le renvoie à ce qu'en dit Schumpeter (ça va fumer, non d'un hérétique !)


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