Des fois, comme samedi dernier qui fut à peu de choses près entièrement consacré à remettre au lendemain la révision de mon chinois (ce qui fut assez raté, vu que le lendemain fut finalement dépensé en peinturage de chambre de breton, pêche au brochet totalement infructueuse et allage au cinéma voir enfin Ponyo sur la falaise qu'est vachement choupinou) je me dis que y'a qu'une chose à laquelle je sois bon, c'est la sieste. Parce qu'en ce moment, c'est la plus intéressante partie de mes journées, et avec les ponts qui s'annoncent ça va pas s'arranger. Voilà un truc pour lequel je commence à accumuler un peu d'expérience, que je me dis. LE truc valable à mettre sur mon CV, entre « sait enfiler ses chaussures sans se tromper en moins de trois essais » et « sait donner à téter à un veau s'il est pas trop agressif genre croisé limousin » (sales bêtes, les croisés limousins). « Sait faire la sieste, ce qui a selon de nombreuses études un impact positif sur la productivité ». Ca se tente, que je me dis. Enfin, si j'avais le courage de refaire mon CV.
Puis je réfléchis, et je me rends compte qu'en fait, je suis pas si doué que ça.
J'oublie d'enlever mes lunettes, au risque de les tordre (ça m'est arrivé). Ou plutôt, j'ai la flemme de les enlever, ce qui est encore un peu plus la honte.
Je laisse des trucs dans mes poches, comme mon portable ou des sous, ce qui est super inconfortable dès que je dors sur le côté.
J'arrive pas toujours à gérer le ratio chaussettes / pull pour optimiser les transferts de chaleur, du coup j'ai froid aux pieds et chaud au haut, si je mets mal ma couette.
Je laisse des trucs sur mon lit qui font super plein de bruit en tombant et comme souvent c'est mes cours de chinois (oui, hein, je les révise quand même de temps en temps, sur mon lit mais je révise) il faut que je ramasse tout et que je remette dans l'ordre et c'est super chiant.
Je ferme pas mes volets du coup c'est trop lumineux et j'arrive pas à m'endormir sauf en mettant la tête sous un oreiller et j'arrive plus à respirer et j'ai trop chaud.
J'oublie d'éteindre la télé en bas et ça fait un bruit de fond pénible.
Je dors sur mes bouquins et je les détruis encore pire que ce que fait ma soeur dès que je lui en prête.
Je commence ma sieste à 19 heures du coup je me réveille à 21 et j'ai loupé les infos et ma nuit.
Je ne vais pas pisser avant du coup je me réveille au bout d'une demi-heure et ça me gâche ma sieste.
J'oublie d'éteindre mon téléphone et je me fais appeler par des connards qui devraient se douter que je dors, le vendredi à quatre heures, nom d'un petit bonhomme.
Je dors avec les bras derrière la tête et j'ai super mal aux épaules en me réveillant.
Je dors avec les jambes hors du lit et avec le poids des chaussures j'ai super mal aux genoux en me réveillant.
J'oublie de me recoiffer, alors j'ai la raie sur le côté et l'air con en me réveillant. On dirait un membre lyonnais des jeunesses UMP. Ca décrédibilise, quand même.
En fait, faire la sieste est plus compliqué que ce qu'on pourrait croire au premier abord. C'est pas donné à tout le monde d'y être performant.
Par contre, aujourd'hui, j'ai découvert que j'étais capable de la faire dans le RER, entre deux stations. Là, je suis assez fier de moi. Je me suis senti un peu comme un skipper, capable de micro-siestes tout en restant super affûté et prêt à réagir à toutes les situations. Par exemple, le redémarrage du RER après une heure d'arrêt dans un tunnel tout noir (et personne qui râle, c'était surprenant, et aucune information, ce qui l'était moins).
Heureusement que j'avais mon pitit lecteur CD avec de la bonne musique dedans, sinon le temps m'aurait paru long. Mighty Mo Rodgers sustained me.
(bon, ça c'est pour toi mon papa)