Par Romu.
Tel un abîme pour l’abîmé de la vie, un gouffre où est tombé le malheureux, une abysse pour l’alcoolique noyé dans son dedans.
Le vide s’empare de nous en creusant, inlassablement. Avec une cuillère ou à coups de pioche. Il veut gagner notre intérieur, s’installer, en faire sa demeure.
La tête et le cœur sont les pièces où la pelleteuse est la plus active. Une fois ces organes creux, le reste du corps se précipitera inconsciemment dans le précipice.Les petites joies et les bonheurs tentent parfois de reboucher le trou. Aussi futiles que des poignées d’arène jetées dans l’engloutissement des sables mouvants. Etre comblé par la vie requiert des recherches incessantes de moments de gaieté et d’insouciance, des fouilles de la cave au grenier, de fond en comble. Tout ce que l’on pourra emmener avec nous dans le dernier trou.
Hier, le vide semblait avoir gagné tout mon être. Je suis resté immobile, car atteint de vertige. Puis le fuir en courant m’aurait donné faim. Et l’appétit, ça creuse.Mais je lui ai fait un pied de nez qui sentait le fromage. Je me suis gavé d’un bout de gruyère, sans manger les trous.