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Esquisse

Publié le 04 mai 2009 par Yiannis


Esquisse
 

Très tôt, ce matin là, il y a eu du bruit...

Peut-être était-ce cette nuit ?

Il ne sait plus très bien…

Dans le couloir on aurait dit que plusieurs personnes marchaient, la voix monotone d’un inconnu tremblotait dans la pièce d’à côté…

Entrecoupée, de temps en temps, par des sanglots étouffés.

Il s’est levé.

Rideaux tirés, volets clos.

Il a ouvert la porte de sa chambre, traversé le couloir à tâtons en se glissant contre le mur…

Le salon…

Une ombre…sa mère…la lampe de chevet qui s’éclaire.

Tout à coup les yeux de sa maman… tout rouges.

Sur sa joue pâle perle une larme orpheline.

C’est la première fois qu’il voit un adulte pleurer.

Alors, sans trop savoir pourquoi, il se met à pleurer aussi.

Sa mère l’attire vers elle.

Elle l’embrasse dans le cou en lui chuchotant à l’oreille :

- Tu sais que ta maman t’aime très fort.

-Où est grand-mère ? demande-t-il.

- Grand-mère… Elle est très fatiguée, il faut qu’elle se repose.

Après sa toilette l’enfant retourne dans sa chambre, pour dessiner.

Par la porte entrouverte, il voit passer des étrangers.

Certains ont l’air méchant.

D’autres, font des signes étranges avec leurs bras…


La matinée s’écoule lentement.

C’est sa grand-mère qui vient le chercher… pour l’emmener dans la cuisine.

Quant elle lui tend un morceau de gâteau, il est presque rassuré.

Puis, comme ça, sans trop savoir pourquoi, il demande à la grand-mère :

- C’est quoi ces fleurs ?

- Des chrysanthèmes, mon poussin… Les seules fleurs assez fortes pour résister à l’hiver, répond la grand-mère.

- Pourquoi t’as un foulard dans les cheveux ?

- Ca… c’est un voile qu’on met pour se cacher quand on est triste.

- Pourquoi t’es triste ?

- Ton papy est parti.

- Où ça… au ciel ?

- Oui... Au ciel.

- Il nous regarde ?

- Oui, je crois, répond encore la grand-mère.

- J’ai fait pour lui un dessin, dit l’enfant, en le tendant à sa grand-mère.

Sur le bout de papier, elle voit un homme.
Un homme à forte corpulence avec deux ailes minuscules, un homme qui flotte dans les airs… regardant un enfant qui le regarde aussi en lui faisant un petit signe de la main.

Alors, la grand-mère pose soudain sur l’enfant des yeux étranges.

Pendant un long moment, elle ne peut les détacher de son visage.

Ce visage l’apaise bien plus que toutes les paroles des adultes.


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