Lombalgie

Publié le 04 mai 2009 par Marieclaude

La lombalgie, qui désigne les douleurs au bas du dos, est très courante. En effet, plus de 90 % des personnes souffriront un jour ou l'autre d'un mal de dos, et cela, le plus souvent passé la vingtaine, avec l'adoption d'habitudes de vie sédentaires.

Crédit photo : Cecilia Johansson/SXC

Chez la grande majorité des gens, la douleur se situe aux lombaires. Cette région du dos, constamment sollicitée, supporte une part importante du poids corporel.

Le mal de dos est un problème complexe que souvent la médecine classique à elle seule n'arrive pas à soulager. Dans bien des cas, et surtout si la douleur est chronique, une approche globale qui tient compte autant des facteurs psychologiques et émotifs que physiques est nécessaire. On peut ainsi parvenir à diminuer la douleur ou, du moins, apprendre à mieux vivre avec elle.

La colonne lombaire

La colonne lombaire est constituée de cinq vertèbres, de petits os cylindriques superposés et vides en leur centre (voir le schéma ci-dessus). La moelle épinière passe dans cette cavité. La moelle est constituée d'un faisceau de fibres nerveuses motrices, sensitives et associatives. L'espace entre les vertèbres est coussiné par un disque de tissus souple qui renferme un gel ayant pour fonction de permettre la mobilité des vertèbres, tout en évitant qu'elles ne se frottent les unes contre les autres. L'ensemble est entouré de muscles, tendons et ligaments dont le rôle est d'assurer la stabilité et la mobilité des délicates articulations de la colonne.

Causes

La lombalgie n'est qu'un symptôme. Il est donc important de bien cerner la source du mal pour trouver le meilleur traitement. Les causes de la lombalgie sont très variées. Elle est parfois le signe d'une maladie sous-jacente : l'arthrite, l'arthrose ou une maladie touchant n'importe quel organe situé à proximité de la colonne lombaire (reins, intestins, uretères, utérus, ovaires, etc.). Plus rarement, les douleurs lombaires peuvent être causées par une fracture vertébrale, une infection ou une tumeur. En outre, l'ostéoporose peut aussi être liée aux maux de dos puisqu'elle fragilise la colonne vertébrale.

Mais, la plupart du temps, chez près de 90 % des personnes atteintes de lombalgie, aucune maladie spécifique n'est mise en cause. Bien souvent, il est difficile de déterminer avec précision l'origine du mal.

Voici les sources de douleur les plus fréquentes.

  • Une lésion à un muscle, à un tendon ou à un ligament provoquée par un effort ou une torsion inhabituelle ou par l'accumulation de microlésions associées à des mouvements répétitifs. Les personnes en mauvaise forme physique sont les plus à risque.
  • La dégénérescence discale. Entre chacune des vertèbres, on trouve des sortes de petits coussins, appelés disques intervertébraux. Ils permettent d'amortir les chocs et donnent une flexibilité à la colonne vertébrale. Avec le vieillissement, les disques perdent de leur élasticité. On remarque une dégénérescence discale chez presque toutes les personnes de plus de 60 ans. Certains sportifs vivent aussi ce problème autour de la quarantaine, surtout ceux qui pratiquent une activité entraînant une pression sur la colonne vertébrale.
  • Le glissement d'une vertèbre sur une autre vertèbre, ou spondylolisthésis. Un disque intervertébral s'affaiblit et ne peut plus maintenir l'alignement des vertèbres qu'il relie. Les disques et vertèbres désalignés peuvent comprimer les nerfs et les structures avoisinantes, ce qui explique la douleur. Le problème peut être d'origine congénitale, ou encore survenir à la suite d'un traumatisme.
  • Une hernie discale. Le gel contenu dans le disque intervertébral fait saillie vers l'extérieur et comprime les racines nerveuses. De mauvaises postures, le surplus de poids, la grossesse et la dégénérescence discale en sont les principales causes.

Catégories de douleur

  • Douleur aiguë : une douleur qui peut durer jusqu'à une ou deux semaines (communément appelée lumbago). Bien qu'elle soit de courte durée, la douleur lombaire aiguë peut occasionner beaucoup d'inconfort, imposer un arrêt de travail pendant quelques jours et gêner considérablement les activités quotidiennes.
  • Douleur subaiguë : une douleur qui persiste de manière plus ou moins constante durant quelques semaines.
  • Douleur chronique : une douleur constante qui dure plus de six mois. Les causes de la douleur lombaire chronique sont parfois difficiles à déterminer. Les personnes qui en souffrent doivent souvent envisager d'apporter des modifications importantes à leur mode de vie.

Pour en savoir plus sur la douleur chronique, consulter notre dossier : Quand on a mal tout le temps...

Quand consulter un médecin?

Quand les douleurs lombaires :
- sont toujours présentes trois jours après leur apparition, malgré l'autotraitement prodigué (voir la section Traitements médicaux);
- sont constantes et intenses, principalement la nuit;
- irradient dans une jambe ou dans les deux;
- causent une faiblesse, un engourdissement ou un fourmillement dans une jambe ou dans les deux;
- causent l'apparition de problèmes intestinaux ou urinaires;
- causent des douleurs abdominales;
- sont la conséquence d'une chute ou d'un coup au dos;
- sont accompagnées d'une perte de poids inexpliquée.

Symptômes

En raison de l'anatomie complexe de la colonne lombaire et des multiples causes de douleurs au bas du dos, les symptômes peuvent varier considérablement d'une personne à l'autre. Pour une même affection, deux personnes peuvent qualifier leur douleur de manière fort différente.

  • Si la douleur au bas du dos survient brutalement et se manifeste par une contraction subite et intense des muscles, c'est généralement le signe d'une lésion musculaire, d'une entorse ligamentaire, de la rupture ou du déplacement d'un disque.
  • Si la douleur culmine le matin et s'atténue avec les mouvements et les étirements, il peut s'agir d'un traumatisme musculaire ou encore d'arthrose.
  • Si la douleur dans la partie inférieure du dos est plus intense la nuit et n'est pas soulagée par des exercices, elle peut être causée par la pression exercée par de l'inflammation, un organe malade ou une tumeur.
  • Lorsque la douleur descend le long de la partie postérieure de l'une ou des deux jambes, il s'agit d'une névralgie sciatique. La douleur est alors exacerbée par la toux, l'éternuement ou l'effort.

Personnes à risque

  • Les personnes dont le travail demande de passer de longues heures en position assise ou debout.
  • Les travailleurs appelés à soulever ou à tirer de lourdes charges.
  • Les travailleurs qui doivent fréquemment se pencher vers l'avant ou effectuer des torsions latérales du torse.
  • Les femmes enceintes, qui supportent un poids supplémentaire de 9 kg à 12 kg au ventre et dont les hormones commandent un relâchement des tissus musculaires (principalement à la région pelvienne pour faciliter l'accouchement, mais aussi près de la colonne vertébrale).
  • Les personnes dont un parent a souffert de dégénérescence discale, d'arthrose ou d'ostéoporose.

Facteurs de risque

  • Le manque d'entraînement physique ou le surentraînement.
  • L'embonpoint.
  • Les mauvaises postures.
  • Le port de chaussures à talons hauts.
  • Le tabagisme.
  • Le stress prolongé. Des émotions refoulées ou une situation de travail insatisfaisante contribuent aux douleurs lombaires.

Mesures préventives de base

Quelques moyens pour réduire les tensions musculaires au dos et réduire le risque de lombalgie.

Un mode de vie sain

  • Maintenir un poids santé ou perdre du poids si l’on fait de l’embonpoint.
  • Faire régulièrement de l’exercice et s’échauffer avant d’entreprendre une activité physique. Il s’agit du meilleur moyen de conserver la force et la souplesse du dos. Porter une attention particulière à la musculature de l’abdomen et du dos, qui constitue un corset naturel de la colonne vertébrale tout en la protégeant des chocs. Il importe d’apprendre les exercices sous la supervision d’un instructeur qualifié. Mal exécutés, les exercices peuvent déclencher ou aggraver une lombalgie.
  • Se réserver des moments de détente.

Une bonne posture

  • Rester conscient de sa posture en tout temps. Le dos est bien droit, le regard vers l’avant, les épaules vers l’arrière.
  • Pour soulever un objet lourd, s’accroupir en fléchissant les genoux tout en maintenant le dos bien droit, et se relever en dépliant les jambes tout en tenant l'objet près du corps. Éviter les mouvements de torsion.
  • Pour pelleter la neige, garder le dos le plus droit possible. Pour ce faire, placer la main le plus bas possible sur le manche, plier les genoux pour ramasser la neige, se servir du genou comme levier lorsque la charge est lourde, et éviter les mouvements de torsion du dos lorsqu’on rejette la neige.

Au travail

  • Si l'on doit rester longtemps en position debout, se servir d'un tabouret bas sur lequel on posera les pieds à tour de rôle, en alternant toutes les cinq à dix minutes.
  • Si l'on doit rester assis durant de longues heures au bureau ou au volant d'un véhicule, faire des arrêts pour se dégourdir et s’étirer.
  • Utiliser des chaises à dossier droit qui soutiennent bien le bas du dos.
  • Utiliser une chaise pivotante afin de minimiser les mouvements de torsion.
  • Ajuster la hauteur de la chaise ou poser les pieds sur un petit tabouret de telle sorte que les genoux soient un peu plus élevés que les hanches.
  • Pour le travail à l’ordinateur, régler la hauteur de l’écran de manière à ce que les yeux soient fixés droit devant et la tête, relativement droite.

Pensez-y

  • Privilégier les sacs à dos aux sacs à main, et utiliser les deux épaules pour porter le sac à dos.
  • Pousser les objets lourds plutôt que les tirer.
  • Éviter de porter des chaussures à talons hauts (plus de 5 cm). Porter plutôt des chaussures bien ajustées, qui offrent un bon soutien.

Mesures pour prévenir les récidives

Voir Approches complémentaires.

Traitements médicaux

Reposer le dos

En phase de douleur aiguë, on tente de maîtriser la douleur. Il est important d’éviter les mouvements brusques et de reposer le dos. On risque, sinon, d’aggraver sa blessure.

Il ne s’agit pas de rester immobile. Au contraire, marcher un peu contribue habituellement au soulagement, mais cela dépend du degré de douleur.

Les positions qui reposent le mieux la colonne lombaire sont les suivantes :

  • couché sur le côté, genoux repliés, un oreiller sous la tête et un autre entre les genoux (les femmes enceintes peuvent ajouter un oreiller sous leur ventre);
  • couché sur le dos, sans oreiller sous la tête, avec un ou plusieurs oreillers sous les genoux et une serviette roulée ou un petit coussin dans le creux du bas du dos.

Il est important de ne pas prolonger indûment la période de repos au-delà d’un ou deux jours et de reprendre ses activités dès que possible. L’inaction et l’immobilité contribuent à l’atrophie et à l’affaiblissement des muscles du dos. Elles peuvent compromettre la mobilité normale des articulations de la colonne lombaire.

Des applications de glace sur la colonne lombaire diminuent également l’inflammation.

Médicaments

Pour maîtriser la douleur temporairement et sur une courte période, on peut prendre des analgésiques (acide acétylsalicylique comme l’Aspirine®), des anti-inflammatoires (ibuprofène, dont Advil®, Motrin®) ou de relaxants musculaires (par exemple, Robaxacet® ou Robaxisal®) en vente libre. Si la douleur est intense et tenace, le médecin pourra prescrire des antidouleurs plus efficaces. Des injections de cortisone à proximité de la zone douloureuse sont parfois données en cas de douleurs chroniques et pour traiter les hernies discales.

Physiothérapie et exercice

On entreprend un programme de physiothérapie dès que le patient peut se déplacer. Au début, les séances pourront se limiter à des mobilisations douces, à l’application de chaleur dans la région lombaire et à de la neurostimulation électrique transcutanée (TENS), une technique qui consiste à stimuler les nerfs par un léger courant électrique afin de soulager la douleur. Progressivement, le patient apprendra une série d'exercices qu’il sera appelé à répéter quotidiennement à la maison afin de réadapter et de rééduquer les muscles et les articulations de la colonne lombaire.

Les personnes atteintes de douleurs lombaires subaiguës ou chroniques qui maintiennent une activité physique (exercices d’étirements et de renforcement, marche, etc.) guérissent plus rapidement1,2. Par contre, en cas de douleur lombaire aiguë, l’exercice ne semble pas diminuer la douleur1. La marche, la natation et le cyclisme de route (avec une bicyclette bien ajustée à sa taille) sont des sports doux pour le dos.

Important. En cas de lombalgie, éviter de pratiquer les sports qui malmènent le dos, comme le judo, la lutte, l’aviron (canot, kayak, chaloupe, etc.), le jogging, les sports de raquette (tennis, badminton, racquetball, etc.), la danse aérobique, l’équitation, le vélo de montagne, les poids et haltères et le trampoline.

Approches corps-esprit (mind-body)

Lorsque les douleurs sont chroniques, on doit souvent apporter des changements majeurs à son mode de vie : changement d’emploi ou de carrière, renoncement à certaines activités, apprentissage de nouvelles postures, adhésion à un programme d’exercices, etc. En outre, le lien entre les émotions et les douleurs lombaires semble de plus en plus clair aux yeux des spécialistes du dos.

Les approches corps-esprit peuvent aider à entreprendre ce virage important. L’auteur d’une synthèse d’études parue en janvier 2004 sur le contrôle de la douleur mentionne que ces approches constituent un traitement complémentaire valable pour soigner les douleurs lombaires chroniques3. En plus de diminuer l’intensité de la douleur, elles permettent de mieux contrôler le stress, d’apprendre à se détendre et à avoir une attitude plus positive3,4. La thérapie cognitivo-comportementale est une des approches les plus utilisées.

Chirurgie

Lorsqu’un nerf est comprimé, on peut le décomprimer par chirurgie. On procédera à l’opération en phase aiguë si un nerf lié au sphincter de la vessie ou de l’anus est touché. Autrement, si la compression du nerf provoque une faiblesse musculaire dans les jambes ou aux pieds, on peut aussi y recourir lorsque la situation ne s’améliore pas avec le temps et les autres traitements. En général, on décide de ne pas opérer si la compression provoque uniquement de la douleur, sans faiblesse musculaire. Selon les études, ce type de chirurgie ne soulage pas efficacement la douleur à long terme.

Des recherches ont lieu actuellement sur des disques de remplacement composés de cobalt et de chrome.

Réintégration au travail

Si la lombalgie a provoqué un arrêt de travail prolongé, il est possible d’obtenir de l’aide auprès d’organismes qui facilitent la réintégration au travail. Ils veilleront entre autres à ce que les exigences de l’emploi soient bien adaptées aux capacités physiques de la personne. Ils peuvent aussi offrir des conseils en matière d’ergonomie. Se renseigner auprès de son médecin.

L’opinion de notre médecin

Même si la cause du mal de dos est inconnue, il est primordial de le soulager efficacement pour empêcher l’apparition d’un syndrome de douleur chronique. Il n'est pas utile « d'endurer son mal » le plus longtemps possible, au contraire. Il est important de prendre des analgésiques régulièrement, sans attendre que la douleur devienne intolérable. Il faut à la fois prévenir l'apparition de la douleur et maintenir un état sans douleur.

Par ailleurs, quand on souffre d’un mal de dos chronique, il n'est pas toujours facile de bien évaluer les changements de son propre état. Il est alors très utile de tenir un journal de bord. Chaque jour, on note l'intensité de la douleur (sur une échelle de 0 à 10), les endroits douloureux, les circonstances d'augmentation ou de diminution des douleurs, leur durée, etc. Il sera ainsi plus facile de savoir si un traitement, quel qu'il soit, est vraiment efficace pour soi, en comparant dans son journal avant et après le traitement. Si un traitement n'a aucun effet après un mois, il est rarement utile de le poursuivre. Le maximum de bienfait est habituellement atteint en trois mois.

Dr Paul Lépine, M.D., D.O

Bonne journée,

Marie claude

ref: Passeport.santé.net