Présenté hier par le Président de la République, le projet de ''Grand Paris'' met l'accent sur les transports et les logements en s'inspirant des 10 projets d'aménagement exposés jusqu'en novembre prochain à la Cité de l'architecture & du patrimoine.
Les propositions des dix équipes d'architectes et d’urbanistes sélectionnées dans le cadre de la consultation ont donc été présentées ce weekend. Il ne s'agit pas de projets clefs en main mais de réflexions, de suggestions prenant en compte des critères de mobilité et de place de la nature dans la ville.
L’association pour la protection de l’environnement WWF n’a pas manqué d'analyser les différentes propositions et livre ses 10 mesures clés pour un Grand Paris post-Kyoto qui répondrait à l’un des enjeux fondamentaux du XXIème siècle : la limitation et l’adaptation aux changements climatiques.
Un réseau de transports en commun de qualité
Pour WWF, la quasi-totalité des propositions ont pour objectif en termes de transport de rendre accessible rapidement les centres urbains et les périphéries grâce à un réseau de transport en commun de qualité et hiérarchisé. La voiture individuelle serait donc reléguée à une place marginale pour les déplacements en ville et banlieue, permettant ainsi de limiter l’émission de gaz à effet de serre par le secteur des transports.L’association décerne un bon point à la proposition de
l’équipe de Richerd Rogers, qui est aux yeux WWF la plus aboutie sur ce point.
Celle-ci repose sur un principe de « ville des courtes distances », permettant
un accès piéton pour toutes les activités quotidiennes.
D’autres suggestions ont aussi marqué l’attention de WWF :
- La fluidification des changements entre transport interurbains et local :
deux-roues avec système de gardiennage, parcs de voitures partagées, système de
carte unique de transports, ou conseils pour optimiser son itinéraire (par les
équipes Studio 9, Grumbach ou Jean Nouvel)
- La cohérence avec le logement : des parcs à vélos au rez-de-chaussée des bâtiments, et des
parkings dans des garages de quartier ainsi situés à la même distance que l’arrêt
de transport en commun (par l’équipe LIN)
- La remise en place des transports ferrés et fluviaux : fin du passage obligé des TGV à paris (par l’équipe
Castro-Denissof-Casi) et la remise en service des canaux pour assurer le
transport des personnes (par l’équipe Portzamparc).
Le WWF donne néanmoins un carton rouge à l’équipe MVRDV (Cabinet d’architectes néerlandais) qui propose de multiplier les infrastructures routières et aux nombreux projets multipliant les transports aériens et renforçant les dessertes des aéroports.
La biodiversité au cœur des villes
Côté biodiversité et place des espaces verts, l'association est moins enthousiaste : « Sur la place de la nature et la biodiversité en ville, les propositions saugrenues abondent, de l’incompréhensible (AUC et MVRDV) à l’incompréhensif, comme la proposition de ville dans la nature de l’équipe Portzamparc qui passe à côté du débat en proposant de multiplier les îlots denses dans une nature préservée ».
L’optimisation de la plurifonctionnalité des espaces verts et la dimension de réservoir de biodiversité est peu abordée, et WWF estime que les équipes ne sont pas allées assez loin et que les différentes fonctions de la nature ne sont encore explorées qu'une par une.
Mais certains projets se détachent avec des propositions qui tendent à réconcilier nature et urbanité en développant la place de la nature dans la ville et en la protégeant de son étalement. Les réflexions sur la nature et la biodiversité en ville cherchent à rappeler les bénéfices de la présence de la nature, indispensables à la qualité de vie et qui rend de très nombreux services : régulation du climat, contribution à l’épuration de l’air et des eaux et à la diminution du risque de crues grâce à la rétention des eaux pluviales etc.Le WWF salue à nouveau l'équipe Rogers : irrigation du Grand Paris par une trame verte et bleue assurant la liaison écologique entre les biotopes, trame doublée de circulations douces, multiplication des espaces verts, afin que les habitants y aient accès à moins de dix minutes à pied de chez eux, retour de la nature sur les boulevards libérés du transport individuel …
Le projet Grumbach quand à lui réconcilie nature et urbanisme en proposant d'amener la nature au plus près des habitants par la végétalisation des façades, des toits et des cours. De beaux projets pour l'environnement.
Un plan de 35 millions d'euros
Avec l'inauguration de l'exposition, le projet « Grand Paris » a donc été officiellement
lancé. C’est un grand défi pour l’avenir
de l’ile de France, impliquant la construction de 70 000 logements
par an dans la métropole, une amélioration qualitative des transports avec un nouveau schéma de mobilité, et un
développement massif des espaces verts. Les 10
équipes d'architectes et d'urbanistes vont prochainement intégrer un atelier de
travail visant à définir les principes du « Paris durable », en association
avec l'Etat et les collectivités locales concernées.
Les travaux devraient
commencer en 2012 pour une mise en service en 2017.
WWF conclut : « Les questions essentielles, comme la question du foncier, des finances et de la gouvernance ont été volontairement écartées de l’appel à projet de l’Elysée, même si certaines équipes font des propositions. Or, ce sont ces questions qui posent le plus de problèmes aujourd’hui, et qui risquent de freiner la mise en pratique de ces belles idées post Kyoto du Grand Paris. »
Voici les 10 principes de WWF pour un Grand Paris post Kyoto et durable :
- Zéro Carbone au plus tard en 2050
- Zéro Déchets, avec en 2020, au moins 70% des déchets recyclés, récupérés, ou
compostés
- Des courtes distances, et de la mobilité durable, la voiture étant remplacé par
un maillage fiable et hiérarchisé de modes de transports doux
- Se construisant et se rénovant avec des matériaux locaux et durables
- Se fournissant en produits alimentaires locaux, de saison et issus de l’agriculture
biologique
- Gérant durablement l’eau, en préservant la qualité et la quantité de la ressource
et en favorisant l’infiltration des eaux pluviales
- En favorisant la présence d’une nature riche en biodiversité et en lui permettant
d’exprimer ses bénéfices
- S’appuyant sur sa richesse culturelle et patrimoniale sans s’y enfermer
- Avec le souci d’un développement durable, équitable, solidaire
- Où il fait bon vivre
Retrouvez l’analyse complète du WWF-France en pièce jointe: Les Transports et la biodiversité - Les Tours