Bien le bonjour, coquelets lubriques
Parmi ces merveilleuses expressions dont raffole la modernité, il en est une qui nous laisse un brin perplexe. C’est «se ressourcer».
Dans le contexte, ça donne ça: sévèrement burnoutée, Germaine est partie toute seule une semaine à la Ciotat pour se ressourcer.
Le terme, qui est devenu une évidence dans nos conversations, indique implicitement qu’avant de se ressourcer il a fallu se sourcer - ce qui est plutôt mystérieux -, puis se dessourcer, vu qu’il s’agira de se ressourcer ensuite. Difficile de savoir quand et comment survient le dessoursage; mais ça doit faire boum!
Bref, cette terminologie opaque nous cause bien des sourcis.
En découvrant l’Auberge du Cèdre et malgré les réticences lexicales sus-décrites, on s’est pourtant exclamé in petto: waou, voilà l’endroit idéal pour aller se ressourcer.
L’Auberge du Cèdre, conseillée par un pote et cachée dans la nature languedocienne à dix kils au nord du Pic Saint-Loup, est en effet un endroit juste génial, arborisé à donf et amical en diable, familial et magique, loin du stress urbain et de l’hôtellerie cucul standard. Un endroit où l’on brûle de couler des jours heureux dans une autre vie.
C’est aussi une base idéale pour aller fureter dans les caves du coin, qui sont nombreuses et souvent pleines de jus réjouissants.
Au Mas Foulaquier par exemple, dont la cuvée Les Tonillières, vibrante d’énergie poivrée et de fruits rouges coquins, vient justement de s’installer sur notre podium des plus grands rouges de l’Histoire de l’Univers.
Il faut aussi aller faire un tour à Corconne, chez Zélige-Caravent, domaine tenu par un couple de jeunes producteurs naturels qui élaborent une série de cuvées aux concentrations et tarifs étagés. Notre chouchou demeure «Le Jardin des Simples», plus souple et glouglou que les consœurs balèzes, qui arrosera probablement tous nos casse-croûte de l’été
Vroum vroum. Après le Languedoc, on a filé vers le cœur palpitant du Beaujolais, à un jet de moût de Charentay, où se tenait la 3e édition de la Beaujoloise, soit le salon des vins naturels de la région. Salon d’une convivialité réjouissante, qui ravale les autres rendez-vous bachiques au rang de messes de l’Opus Dei, voire de congrès du MEDEF.
A la Beaujoloise, on rigole, on grignote et on trinque.
A la Beaujoloise, on hume des bouteilles mirobolantes et on croise du beau monde. Des pères fondateurs du naturisme vinique, Pierre Overnoy et Marcel Lapierre. Des Champenois bios et scotchants (Bertrand Gautherot, Jérôme Prévost). Des valeurs montantes autant qu’exaltantes: Philippe Jambon et les Perraud du Domaine des Côtes de Molières.
Plus quelques sauvageons jurassiens aux savagnins étincelants, Etienne Thiebaud et Philippe Bornard.
Plus quelques copains qui passaient par là.
Plus quelques gloussements.
Plus quelques frissons.
Bref, à la Beaujoloise, on y retourne l’an prochain. Manière de se ressourcer, quoi.
A plouche