Voici un nouvel exemple de la tenue en laisse de l’information des Français. Dans une lettre adressée à la Fédération Hospitalière de France (FHF), datée du 29 avril, la ministre de la Santé Roselyne Bachelot, sans remettre en cause le principe de la convergence des tarifs entre public et privé, laquelle devait être réalisée en 2012, juge que « le calendrier de l'exercice doit être revu ». Elle juge nécessaire de disposer d'"études robustes et crédibles" sur les différences de coût, et que la convergence soit supportable financièrement pour les hôpitaux. « Le gouvernement proposera donc à la représentation nationale des évolutions en ce sens lors de la prochaine loi de financement de la sécurité sociale en fixant un aboutissement en 2018 ». Avez-vous entendu un de nos journaux télévisés faire état de cette information ? Moi pas !
Deuxième manipulation : vendredi 1° mai, des centaines de milliers de personnes ont défilé à travers toute la France. Tout en déclarant légitime l’inquiétude des travailleurs confrontés à la crise, les différents intervenants de la majorité ont cru bon d’estimer que la mobilisation avait été moins forte que lors des journées de grève des 29 janvier et 19 mars. Deux points ont sans doute échappé à ces commentateurs partisans :
- Il convient de comparer ces défilés du 1° mai, non pas à ceux qui peuvent prendre place un jour de grève, mais plutôt à ceux des 1° mai précédents. On ne peut alors que souligner une très sensible croissance.
- Ce 1° mai faisait partie d’un long week-end de trois jours et a bénéficié, surtout à Paris, d’un temps très ensoleillé. Circonstances généralement redoutées les jours de vote, car responsables d’une montée en flèche du parti dit des pécheurs à la ligne.
Il est donc vain de nier la puissance de cette manifestation mais si nos gouvernants préfèrent sous-estimer l’ampleur du désarroi de l’opinion, tant pis pour eux. Leur réveil n’en sera que plus douloureux.
Dernière perle de l’information officielle : samedi 2 mai, j’entends sur France-Info M. Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement, verser une larme sur le sort des salariés, victimes injustes de la crise. Il serait bon que ceux chargés de répandre la parole mielleuse de notre gouvernement fassent un effort pour exprimer correctement ce qu’On les charge de dire. Les salariés ne sont pas injustes mais plutôt victimes d’une injustice. Ceux qui sont injustes sont, je reprends les termes de Nicolas Sarkozy, ces patrons-voyous qui préfèrent le fric aux hommes.