Le ministre glisse aussi que la mobilisation du 1er mai lui semble faible (" J'observe néanmoins que le nombre de manifestants a été très nettement inférieur aux journées du 29 janvier et 19 mars"), que " le dialogue social fonctionne bien", et que "les socialistes se raccrochent à des wagons que les syndicats placent en queue de train". Consensuel jusqu'au bout. Raymond Soubie, le conseiller social de Nicolas Sarkozy a évoqué une rencontre entre le chef de l'Etat et les syndicats durant la seconde quinzaine de juin. Annoncer un rendez-vous est l'un des meilleurs contre-feux gouvernementaux.
La CGT a d'ailleurs répondu au ministre et au conseiller "social" de Sarkozy : "La CGT attend donc d'autres réponses plus concrètes et plus à la hauteur de l'enjeu".
Cette semaine, le contexte social sera agité. Les surveillants de prison ont annoncé qu'ils bloqueraient leurs établissements. L'Ufap-Unsa, FO-pénitentiaire et la CGT-pénitentiaire, réunies en entente syndicale, ont en effet décidé un blocage progressif des prisons à compter de lundi 4 mai: arrêt des transfèrements et extractions de détenus, puis, deux jours plus tard, blocage aux intervenants extérieurs (visiteurs, avocats). 194 prisons françaises sont concernée par le mouvement. Les syndicats ne se font pas d'illusions sur leur Garde des Sceaux: "La ministre n'est pas en capacité de prendre conscience de la situation catastrophique dans les prisons et de nos conditions de travail", a expliqué Céline Verzeletti, de la CGT.
Pourtant, l'amélioration de la situation carcérale est sans doute l'un de ses sujets majeurs de la Justice en France pour les années à venir. Les prisons sont des machines à fabriquer des délinquants. Il faut avouer que Nicolas Sarkozy a mis plus d'empressement à créer des peines automatiques (les peines-planchers, dès août 2007), dont l'efficacité est contestée, qu'à renforcer les moyens de la justice. La fameuse réforme pénitentiaire, présentée en août 2008, puis examinée ... 9 mois plus tard, en urgence,, ne prévoit rien, à l'exception de quelques aménagements de peines. Pire, le projet Dati supprimait le principe de l'encellulement individuel (puisqu'il n'est pas respecté dans les faits, a expliqué la ministre - la loi s'ajuste à l'incompétence politique). le projet négligeait l'effort budgétaire nécessaire à la rénovation des prisons.
Brice Hortefeux a laissé son ancien ministère, l'immigration, à Eric Besson. Alors que celui-ci s'empêtrait à défendre son hostilité à l'encontre de la proposition de loi socialiste contre le délit de solidarité, un bébé de 4 mois a été maintenu en rétention vendredi 1er mai. Le procureur de Nîmes a fait appel de la décision du juge des libertés. On saura lundi si l'enfant peut quitter son lieu de détention. "Ensemble, tout est possible" disait le slogan de campagne.
C'est vrai.
"C'est une nursery un peu particulière qui l'attendait. A quatre mois, un bébé a été emmené avec ses parents, des sans papiers d'origine russo-azerbaïdjanaise, et son grand-frère, âgé de 9 ans, au centre de rétention administrative de Nîmes. La famille doit y rester en attendant l'examen au fond de leur dossier, prévu lundi matin à 9 heures."
Lire aussi:
- France: la honte pénitentiaire (Sarkofrance, mars 2009)
credit photo: prison.eu.org&alt;=rss