Comme il ne me reste que l’Amour
Je m’agenouille au bord de ma déroute
Devant la pancarte au sens interdit
Viens donc jusqu’ici me retrouver
Comme si mon seul unique combat
Se cristallisait soudain tel qu’on se déboute
D’ un mirage cruel doux mais aveuglant
Une image de toi qui me lâche
Le courroux trouble invivable
D’un chauffard ivre et enragé
Qui pense à moi dans le tournant
De la fin de sa dernière chance
Fracassant un mur de soutènement
….
Comme il ne me reste que l’Amour
Qui souffle à en perdre haleine
C’est avec les yeux bandés
Et le cœur désormais en laisse
Que je nage la pénultième brasse
Dans une mare infestée de requins
Déguisés en béquilles inertes
Que vais-je faire de toutes ces dents
Appuyées à mon vieux corps doré
De souffrir et sourire encore
Malgré le poids de ma courte chaine
Si tu partais pendant mon sommeil
Ce serait toi de partie quand même
…
Comme il ne me reste que l’Amour
Dans ce désespoir intangible
De m’en sortir tout rond
Avec un gram de peau
Agrafée à l’affiche déchirée
Qui me caresse les os
Ne te fatigue pas de moi
De mes oublis et de mes absences
Il faut bien que je cherche
Dans le dédalle de mes souvenirs
Pour toutes les années à l’égout
Que je me suis perdues
Pour terminer par me retrouver
Dans notre décor à huis clos
…
Comme il ne me reste que l’Amour
Avant le coup qui ira loin du mur
Celui de la dernière manche
Que frapperait le ciel flamboyant
Du jour incendiaire qui se prépare
À céder pour tout nous dire
Dans un champ couleur de blé
Pour les années qui restent
Du ce corps à cœur déçu
Au beau milieu d’un carrefour
Où ma place est réservée
Mon siège depuis toujours prépayé
…
Comme il ne me reste que l’Amour
Tous deux seuls dans les rues
Nous traversons la nuit
De nos infinies insomnies
Nous suicidons nos idées noires
Par une solide solitude partagée
Remplie des gerbes de nos passés
Mes promesses de linceuls
Arpentent ensemble les trottoirs
…
Comme il ne me reste que l’Amour
Alors que soudain le soleil luit
Accoudé au bar de la fin de l’espoir
Je vois dans tes gestes
Que tu penses encore à lui
Mes ailes se rétractent soudain
Dans la cage de mon piège
Je mets les mains dans les poches
Et mes yeux te caressent longuement
Alors que je souris en fermant les yeux
Pendant que c’est à lui que tu crois
Je songe à tous les mots injustes
Que je ne te dirai pas
…
Comme il ne me reste que l’Amour
Je songe à toutes celles
Dont parfois encore je me souviens
Qui sont venues pour traverser
Sans jamais plus se retourner
Et avant qu’il ne soit trop tard
Je pense à tes longs doigts si fins
Traversant ta chevelure de cuivre
Dans la pénombre à demi-nue
Mon cœur bat fort de chagrin
Cela suffit à me rendre heureux
Cette image incitant l’aventure
Alors que je cherchais quelqu’un
Qui voulait me souffrir pour toujours