Toi, la louve aux yeux en amandes
où se réfléchissent tous les lointains,
tu désires un ailleurs où tu n’iras jamais :
l’étendue de la plaine éclairée par la lune,
le firmament des étoiles, les rumeurs de la forêt
et les steppes infinies de toute l’Eurasie.
La vie sauvage est là et la proie qui palpite
entre tes blanches canines
agonise sans comprendre le pourquoi de sa mort.
Hurlement de la meute au cœur de la nuit sacrée,
cauchemar qui devient rêve, puis songe…
La louve est là, sa toison, son regard.
L’amande de tes yeux
et ta tresse que tu défais d’un geste ample et souple
au cœur de la nuit ténébreuse.
Dans le rayon de la grande lune, dévêtue,
tu t’offres comme une proie
et ton cœur sauvage palpite
comme si c’était la mort qui s’avançait dans la profondeur de la forêt,
tandis que les loups n’en finissent plus de hurler.
Par la fenêtre ouverte tu contemples le firmament étoilé
Tu cherches un ailleurs,
un au-delà de toi-même.
Etendue dans la nuit sacrée,
Tu attends dans ta nudité, dans l’aura de ta chevelure d’or
et ton désir n’a d’égal que la peur de la mort qui approche
à pas de loups.
Tu as des yeux en amandes,
de beaux yeux qui pleurent, parfois,
quand l’aube pointe derrière la vitre
et que toute la meute a disparu
dans l’immense plaine de la vie.
Et tu restes là, seule,
à contempler les lointains inaccessibles
comme une louve
qui n’aurait pas trouvé sa raison d’être.
Tu es une louve, perdue dans le firmament des étoiles.