Ahu Nau Nau
Isla de Pascua, Chili
Il fut un temps où les arbres étaient nombreux sur l'île. Les siècles ont passé et cette ressource qui semblait infinie est devenue rare, probablement due à une trop grande utilisation du bois dans le transport des moaïs et à quelques années de sécheresses consécutives. Aujourd'hui, seules quelques petites forêts verdissent le paysage.
Et on s'en rend vite compte.
Cela fait une heure et demie que nous marchons les sacs au dos à cuire. Les cinq autres heures de marches prévues aujourd'hui ne nous tentent plus du tout, notre force mentale s'évaporant au soleil. Heureusement qu'un klaxon attire notre attention. C'est un pascuan qui nous offre gentiment un lift dans son vieux pick-up. L'homme au style des îles et son copilote nous apprennent quelques mots de Rapa Nui, la langue locale.
Iorana, voulant dire salut et maururu, voulant dire merci. C'est tout ce que j'ai retenu pour l'instant, j'espère que cela me sera utile dans le futur. Pour le moment, nous descendons du camion au bord d'une route en terre battue, il fait bien chaud et qu'une seule chose nous obsède : plonger dans la mer.
Aussitôt dit aussitôt fait. L'eau rafraîchissante d'Ovahe nous remplis de joie. La plage n'est que très peu fréquentée, c'est génial.
Après le dîner, c'est la plage voisine d'Anakena qui nous coupe le souffle. Les moaïs de l'ahu Nau Nau aux abords de la palmeraie rendent l'endroit incroyable. Pourquoi pas y passer tout l'après-midi jusqu'au souper alors qu'une famille nous laisse leur feu bien vif afin qu'on puisse y faire cuire notre riz. Nous soupons en profitant d'une lumière orangée sur les sculptures aux chapeaux rougeâtres. Un autre superbe lieu de sépulture de l'île. En effet, les ahus étaient semble t-il construis en temps que monument funéraire. Les corps une fois desséchés étaient enterrés sous la terrasse au pied des moaïs.
Vient ensuite le temps de planifier notre nuit. Ça fait plusieurs fois que les gens nous disent de ne pas camper sur la plage à moins que l'on cherche les problèmes. Un autre plan qui tombe à l'eau car en voyage, tu ne veux pas de problème avec la police, spécialement sur une île où il est impératif de ne pas rater son vol de retour. On va donc à la maison du garde parc pour demander l'autorisation. Peut-être qu'avec nos yeux de backpackers piteux ça marcherait? Mais, aucun garde dans les parages. Il fait déjà nuit, plus personne ne peut nous ramener en ville. Nous n'avons aucun choix, nous devrons dormir en camping ici, quel dommage !
Cachés derrière le poste du garde parc, nous nous endormons encore une fois sous un ciel étoilé comme on en voit rarement. Sauf que ce soir, ce n'est pas les étoiles qui volent la vedette, mais bien les troupeaux de chevaux sauvages que l'on entend galoper non loin de notre tente. C'est magique.
Les yeux dans la graisse de beans, nous nous rendons au bord de la mer afin d'y admirer le levé de soleil. Nous marchons encore dans le noir au bord des herbes longues. Notre vue étant limitée à ce qu'on éclaire avec notre petite lampe de poche, ce n'est qu'un peu plus tard qu'on se rend compte que nous sommes entourés par des hordes de chevaux. Ça me rassure, car je trouvais que Nad faisait de drôles de bruits.
Non, mais sans blague, ce n'est pas parce que je suis un étalon que ma blonde doit renâcler !
Nous avons la chance de les côtoyer de près sans qu'ils se sauvent, les petits comme les grands, pendant que le soleil commence à apparaître à l'horizon.
Rapidement, il se remet à faire très chaud et deux choix s'offrent à nous : passer la journée sur la magnifique plage et se baigner, ou, suivre notre plan et marcher la quinzaine de kilomètres qui nous séparent du prochain point d'intérêt.
Désolé pour ceux qui voulaient que l'on se sue le corps, mais pas aujourd'hui. Nous aurons bien d'autres occasions.
En plus d'avoir passé des heures sur la plage à manger nos provisions, nous sommes retournés au village assis dans la boîte arrière d'un pick-up, la face dans' tempête.
Il nous reste beaucoup à voir sur l'île. Le meilleur est à venir.
-Will