S P É C I A L
Il était une fois dans l'Ouest
♦ Entretien avec Sergio Leone
Quelle était votre idée de base ?
Sergio Leone: Je voulais faire un ballet de morts en prenant comme matériau tous les mythes ordinaires du western traditionnel: le vengeur, le bandit romantique, le riche propriétaire, le criminel homme d'affaires et la putain. A partir de ces cinq symboles, je comptais montrer la naissance d'une nation.
Pour la première fois, une femme tient un rôle important
dans votre œuvre...
Sergio Leone: Au début, Carlo Ponti m'a proposé Sophia
Loren. C'est une comédienne que j'apprécie beaucoup, mais je ne la
voyais pas incarner une putain de la Nouvelle-Orléans. Elle ne peut
interpréter qu'une prostituée napolitaine ! Je préférais Claudia
Cardinale. C'est une pied-noir de Tunis. Elle était crédible dans
un personnage de française.
Elle couche avec Frank pour sauver sa peau. Elle garde ses
distances avec Harmonica puisqu'elle a compris qu'il était
intouchable. Elle sent que Cheyenne est fou d'amour pour elle. Mais
lui, il est déjà un homme mort. Il appartient à un monde qui
disparaît à jamais. Il sait qu'elle vient de ce même monde et
qu'elle appartient déjà au monde qui lui succède. Cette parabole
recoupe tout le film.
Pourquoi ce choix d'étirement du temps et de lenteur
?
Sergio Leone: A partir du moment où je faisais un ballet de morts, je montrais des personnages qui, en tant qu'archétypes, étaient destinés à périr. Et cela, parce que le progrès s'installe. Comme ils sont conscients qu'ils mourront à la fin du film, ils prennent tout leur temps pour s'étudier et se jauger. Ce jeu prend un poids réel car il incarne la force de survivre. Si Il était une fois dans l'Ouest a un aspect japonais, c'est aussi parce que les Orientaux ont cette philosophie par rapport à la mort. Il me faut donc cette lenteur qui est aussi ma façon de faire, mon style... Si l'on voit Pour une poignée de dollars et Il était une fois dans l'Ouest, on a l'impression qu'ils sont faits par deux metteurs en scène différents. Ils n'ont pas la même cadence. Cependant, il y avait longtemps que j'avais envie de donner ce rythme à un film. Faire que les mouvements de caméra soient comme des caresses. Tonino Delli Colli, le directeur de la photographie, en était décontenancé. Il ne retrouvait plus le système du Bon, la Brute et le Truand. Pourtant, moi, je savais que, là, j'avais atteint mon véritable rythme.
♦ Photos de tournage
♦ Scène coupée
Charles Bronson se faisant casser la
figure
♦ Affiches
♦ Gros plans