Il est tout naturel que le cinéma d’épouvante, qui, le premier, a su exploiter le potentiel du relief sur grand écran, s’intéresse aux nouveaux procédés 3D, bien plus évolués que les fameuses mais archaïques lunettes bicolores rouge et vert. Ceux qui ont connu le fiasco télévisé de la projection « en relief » de La créature du lac noir, lors d’une « Dernière séance » de M’sieur Eddy, en rient encore…
Aujourd’hui le relief, ça fonctionne vraiment, et ce quelle que soit votre place dans la salle, et quelle que soit votre vue (sauf si vous êtes un clone de Mr Magoo, bien sûr…). Mais amis cinéphiles, je vous le demande : est-ce bien raisonnable d’utiliser une technologie de pointe pour nous servir le remake des plus « épouvantables » nanars horrifiques des années 1980 ?
Car Meurtres à la St-Valentin 3D n'est rien d'autre que le remake du Meurtres à la St-Valentin de George Mihalka, un très médiocre slasher, truffé de personnages idiots et de rebondissements à deux balles, dans lequel un tueur psychopathe, équipé d’un masque de mineur et d’une pioche acérée, semait la terreur dans une petite ville minière, le jour – devinez…- de la Saint Valentin.
Remarquez, la démarche se défend. Vu qu’en faisant le remake d’un très bon film, on s’expose fatalement aux critiques incendiaires des fans de l’œuvre originale, autant essayer de refaire, en l’améliorant, un vrai navet. C’est plus facile et c’est la garantie de glaner quelques commentaires favorables.
De fait, on pense un moment que cette nouvelle version, signée Patrick Lussier, va surpasser sans peine l’œuvre originale. Mieux, qu’elle s’élèvera au-dessus de la moyenne des récents thrillers horrifiques. En effet, les acteurs, amalgame de jeunes talents (Jaime King, Jensen Ackles…) et de vétérans du genre (Tom Atkins, Kevin Tighe) sont plutôt biens dans leurs rôles, malgré le manque d’épaisseur de leurs personnages. Le réalisateur, qui a longtemps collaboré avec Wes Craven en qualité de chef monteur, sait créer le suspense et utilise les effets chocs à bon escient. Et si le relief n’est pas exploité de manière optimale (les lampes-torches en pleine tronche, ça va deux minutes, mais sur 1h30 de film, ça lasse…), et encore moins novatrice, le spectateur a quand même le droit à deux ou trois séquences saisissantes.
Mais on déchante très vite, effarés par la médiocrité du scénario, qui réalise l’exploit d’être encore plus incohérent que le script original ! Si,si, c’est possible.
Tenez, on commence avec le titre du film, une aberration… Dans le film de 1981, il avait un sens : Le mineur psychopathe, Harry Warden, tuait car il haïssait la fête de la Saint Valentin, et car la vue d’un simple cœur dessiné ou tatoué déclenchait chez lui des pulsions meurtrières. Ici, rien de tout ça. Le gars sort de sept ans de coma un jour de Saint Valentin, et se met, comme ça, à massacrer tout le monde en faisant de macabres mises en scène autour de l’événement… Ben oui, quoi, ils sont bêtes les gens. Ils mettent des chocolats dans une boîte en forme de coeur. Alors le tueur, il met des vrais coeurs dans les boîtes en forme de coeur, c'est mieux… Et c'est surtout ridicule…
D’ailleurs, on se demande comment fait le gars pour décimer autant de monde dans un aussi petit périmètre sans que personne ne s’émeuve de sa présence (que ce soit à l’hôpital ou lors de la fête étudiante dans la mine…)… Et ce n’est qu’une des incohérences accumulées par le script, parmi tant d’autres. Le comportement des personnages, par exemple, est tellement absurde qu’il en devient hautement risible : une fille court nue en pleine nuit sur le parking d’un motel – moyen comme un autre de donner au public adolescent sa dose d’émoustillement. L’héroïne et son employée se barricadent dans un bureau et essaient d’en sortir n’importe comment, alors qu’un bouton d’alarme est à proximité (l’héroïne est blonde…). Et je ne parle même pas de toutes les fois où les personnages vont se jeter dans la gueule du loup, semblant irrésistiblement attiré par l’endroit le moins sombre du coin : la vieille mine…
Ajoutons à cela des dialogues assez gratinés, des fausses pistes faciles à déjouer et un rebondissement final absolument ridicule, et vous aurez une idée assez précise de la qualité de l'ensemble,…
Pas besoin de l’écrire en relief, vous aurez compris que Meurtres à la St-Valentin, le remake ne vaut guère mieux que son modèle, et que je vous conseille vivement de fuir ce mauvais slasher, ce qu’auraient fait les protagonistes du film s’ils avaient eu deux sous de jugeote…
Note :