L'actuelle pré-campagne du leader du Modem en cache une autre bien plus stratégique : la conviction que la présidentielle n'est plus une élection à programme mais à enjeu. Le seul enjeu de 2012 sera à ses yeux la reconduction ou pas de Nicolas Sarkozy.
L'opinion ne veut plus des idées mais des personnalités.
En réalité, ce n'est pas seulement une affaire de mode, des facteurs structurels profonds durables expliquent cette évolution.
Tout d'abord, la France est en panne d'idées. Même si elle se refuse à l'admettre, son "modèle" a volé en éclats.
L'opinion refuse de regarder en face certaines réalités : le poids de la dette, les conditions de lutte contre le chômage, l'impact durable de la concurrence internationale et probablement aussi l'évolution désormais structurelle à la baisse du pouvoir d'achat.
Par conséquent, il n'y a aucune raison de pouvoir considérer aujourd'hui que la France soit au "bout du tunnel". Le spectacle permet d'évacuer ce débat d'idées que l'opinion n'a pas encore accepté d'ouvrir sérieusement.
Ensuite, deuxième facteur, l'élection présidentielle écrase la totalité de la vie publique française à plus forte raison avec la mise en place du quinquennat et avec la présidentialisation menée par Nicolas Sarkozy.
De l'Élysée, tout découle. Or, cette présidentialisation du régime rime avec personnalisation.
Enfin, cet État spectacle repose également sur une nouvelle logique de communication. Hier, le candidat était un communicant généraliste mettant en avant un programme adapté à une multitude de situations détaillées.
Aujourd'hui, c'est le règne de l'élection à enjeux. Il importe d'identifier les enjeux dominants, clarifier son offre pour s'identifier à la réponse efficace sur les enjeux en question.
Ainsi, une campagne ne repose plus sur la logique de bataille projet contre projet mais véritablement une bataille image contre image.
L'opinion est assiégée par une multitude d'informations.
L'efficacité n'est pas la dispersion sur de très nombreux thèmes d'exposition mais bien au contraire l'approche de concentration sur un ou deux enjeux majeurs qui vont véritablement constituer la grille de lecture structurante de la décision de l'opinion.
Sous cet angle, ce choix est déterminant. Ce n'est pas une approche aléatoire ou de hasard. C'est un véritable processus stratégique imposant une sélection rigoureuse.
Dans cette sélection, François Bayrou parie que l'élection 2012 sera entièrement axée sur un seul enjeu : reconduire ou pas Nicolas Sarkozy à la présidence.
Sur cet enjeu, il entend incarner l'anti-portrait pour capitaliser les votes refuges les plus nombreux du 'tout sauf Sarkozy".
C'est un pari très intéressant quant à l'évolution de la vie politique Française et de l'opinion.