Archive - Controlling Crowds (2009)

Publié le 02 mai 2009 par Oreilles
Le principe de la tour d'ivoire : regarder bien de là-haut ce qui se passe et infliger à de pauvres manants qui n'ont rien demandé, une bouillie sonore sans forme ni odeur, juste insipide. C'est le dessein du projet de Darius Keeler et Danny Griffiths, qui avec beaucoup d'auto-d'indulgence n'épargnent rien, ni personne dans le registre suppositoire planant depuis quelques albums._Rappelons que le génial duo a pour habitude de virer ses chanteurs (ou chanteuses) - ou de les décourager - album après album ; les plus vigoureux tiennent deux ans ! Ici, on n'a pas gagné au change, puisqu'une espèce de mauvais imitateur de Michael Stipe sévit dès le barbiturique d'ouverture, le très long, trop long, éternel morceau-titre : plus de 10' de planerie inepte, bâillements..._Alors, ce qui pouvait encore passer sur Noise (2004) qui offrait encore quelques morceaux potables, voire -mais avec beaucoup de mansuétude- sur Lights (2006), n'est simplement plus possible ici ! Le groupe qui prétend ainsi "contrôler les foules" atteint sûrement son but, si l'on en juge par la cohorte de fans béâts qu'il draîne, et la mauvaise humeur fatiguée des critiques anesthésiés qui doivent rendre compte des concerts assommants d'Archive !_Notez que j'ai donné moi, mais c'était il y a bien longtemps, à l'époque de Take My Head (1999) qui proposait quelque chose de tout à fait différent, au moins dans le format et sur le plan vocal -une émule de Tracey Thorn pas désagréable occupait le poste à l'époque- mais déjà......l'on sentait le mal poindre ! En effet, les deux gus jouaient de leurs kits de batterie et synthés, derrière un paravent de plexiglas, sans doute pour mieux protéger leur matos de glaviots inappropriés, et pour mieux introduire une atmosphère de convivialité avec son public !_Depuis, le groupe se prend pour Pink Floyd, mais celui de la pire période, Ummaguma et tous les pénibles soundtracks qui vont avec ! Ici, le plus drôle, c'est que cette chose est divisée en 3 parties -sans doute conceptuelles, coco !- bien que de vous à moi, on s'en foute, pour être honnête !_Il y a le single "Bullets", horripilant, un morceau ironiquement intitulé "Kings Of Speed" (faut-il en rire ?), qui traite sûrement de la drogue du même nom. En fait, deux, trois passages passables émaillent ce pensum : il s'agit des titres où intervient le chanteur trip-hop Rosko, présent sur le premier et classique Londinium (1996). Mais il y a tromperie sur la marchandise, dans la mesure où la promo de ce disque insiste lourdement sur ce qui n'est qu'un épiphénomène dilué sur plus d'une heure de sonorités absconces._Il faut oser le dire : très peu de plaaaaaaages de ce Controlling Crowds trouveraient droit de cité à un vernissage de la collection de Rollex du désopilant Jacques Séguéla. La seule utilité que l'on trouve à ce double CD (car il y a deux CD sur la version collector !), c'est d'éventuellement servir d'épouvantail à moineau sur les branches d'un arbre._Pour cette raison évoquée -car on est consiencieux, et on ira jusqu'au bout de l'épreuve- , on se met à prier que le disque ne recèle pas de morceau caché. Car cette odyssée qui se voulait onirique au départ, aura vite fait de transformer l'atmosphère douce et ouatée de vos rêves en de redoutables cauchemars !_A la vérité, je n'avais pas écouté de truc aussi chiant depuis le dernier disque beuglé d'Eudeline et la dernière livraison de Christophe, envers qui j'ai trop de respect pour pouvoir en dire du mal !_Allez, conservez un souvenir ému de Londonium et de certaines plages déjà lointaines de Take My Head, et évitez le chemin de cette logorhée hippie ; il y a trop de disques à écouter et (re)découvrir !
En bref : les plaisanteries les plus courtes sont toujours les moins longues ! Enième boursouflure sonore d'un duo de faux apprentis sorciers jadis inspirés, qui mise désormais sur la longueur éreintante pour faire passer son fumeux message.


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le site officiel et le Myspace

"Bullets" (la mort dans l'âme) :