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2 mai 1772/Naissance de Novalis

Par Angèle Paoli
Éphéméride culturelle à rebours


   Le 2 mai 1772 naît à Oberwiederstedt, en Saxe, Novalis, pseudonyme de Friedrich von Hardenberg.


NOVALIS

Image, G.AdC


   Issu de la vieille noblesse médiévale, Novalis, météore de la poésie romantique allemande, est l'auteur des Hymnes à la nuit, œuvre lyrique inspirée par sa passion pour Sophie (Sophie von Kühn), dont la mort plonge le jeune homme dans un profond désespoir. Parue en 1800 dans l'Athenaeum, revue littéraire de son ami Friedrich Schlegel, cette œuvre sera suivie de deux romans inachevés : Les Disciples à Saïs et Heinrich d'Ofterdingen. Porté par des sentiments piétistes très puissants, passionné par les textes médiévaux et par la pensée de Maître Eckart, Novalis, dont la référence déterminante reste le Wilhelm Meister de Goethe, cherche à composer un roman initiatique qui serait un « anti-Meister ». Une œuvre dans laquelle le poète rejoindrait le prophète, annonciateur de l'Âge d'or.

DEUXIÈME PARTIE
L'ACCOMPLISSEMENT

LE CLOÎTRE OU LE PARVIS

ASTRALIS



Par un matin d'été je suis venu au monde
Et je sentis le pouls de ma propre existence
Pour la première fois. Et tandis que l'amour,
Dans des extases plus profondes se perdait,
Grandissait mon éveil, et, devenait pressant
De minute en minute le désir d'une union
Encore plus intime, encore plus totale
Le pouvoir d'engendrer mon être est : Volupté !
Je suis le point central et la source sacrée
D'où toute nostalgie, houleusement, jaillit,
Où tout tendre désir, brisé de mille parts,
Paisiblement revient, se rassemble en silence.
Vous ne me connaissez, mais vous m'avez vu naître !
Ne fûtes-vous témoins du premier rendez-vous
Que somnambule encor, je pris avec moi-même ?
Pendant un heureux soir, n'avez-vous pas senti
Vous parcourir alors un doux frisson d'extase ?
Englouti tout au fond d'un calice de miel,
J'embaumais... Et la Fleur se berçait tendrement
Dans le matin doré. J'étais source intérieure,
J'étais calme combat. A travers moi, sur moi,
Tout ruisselait, tout me portait au grand silence
Et le premier pollen tomba sur le stigmate...
— Ah, pensez au baiser qui suivit le repas! —
Je refluai au sein de mon propre torrent,
Ce ne fut qu'un éclair! Je pouvais m'animer
Et mouvoir mon calice et mes fibres légères.
Mes pensées jaillissaient quand je me donnais forme,
Rapidement jusqu'à devenir sens terrestres.
J'étais aveugle encor, mais les astres brillaient
À travers les lointains merveilleux de mon être ;
Rien n'était proche encor, je n'étais dans l'espace
Qu'un écho du passé — un écho du futur !...

Novalis, Heinrich von Ofterdingen, in Romantiques Allemands, Bibliothèque de la Pléiade, Éditions Gallimard, 1981, pp. 500-501.


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