Il faudrait abandonner l’apologie tout comme la critique. La plupart du temps ce sont des questions ayant trait au bon goût qui est fonction d’une projection. On cherche dans un objet quelconque la confirmation ou l’infirmation de ce que l’on croit porter. Ce penchant est poussé à l’extrême chez certains artistes qui sont incapables de penser en dehors de leurs cadres et qui ne justifient ou ne critiquent les oeuvres que comme si elles étaient des exemples de leur propre travail. Le bon goût à toujours quelque chose de la norme et d’une projection de soi hors de soi qui oblitère sa propre typologie et qui se prononce tel un discours impersonnel de vérité.
Abandonner la critique comme l’apologie pour ne pas être dupe de ces effets de style égocentriques, préférer simplement l’abandon à un autre monde, forcément étranger, forcément gênant, troublant, fut-ce dans l’indifférence ou dans l’ennui. Chercher dans un premier temps à entrer dans ce monde, à l’écouter et à le comprendre non comme un objet de connaissance scientifique mais comme une terre inconnue, faune et animaux, climat et rivage, particularité après particularité, séquence après séquence, un monde qu’on ne peut résumer d’un trait d’esprit ou d’un aphorisme lapidaire, les mots ne servant ici qu’à se dérober dans une recherche indéfinie. Tout se passe comme si nous cherchions à approcher ces inconnus: un monde fragile a eu lieu, personne ne l’attendait, personne n’en voulait, c’est une occasion pour?