Oh ce n’est pas la perspective d’y succomber qui me fait peur, la mort étant depuis longtemps une amie cotoyée un temps de près, que je rejoindrai inévitablement. A mon âge, quelques jours de plus ou de moins n’ont pas grande importance.
Non, ce qui m’effraie, c’est le posthume. Mourir d’un cancer, d’un arrêt cardiaque, de mort naturelle ou d’un accident de la route, voire d’une indigestion, soit! Mes amis, se rencontrant, répondront à “Mais de quoi est-il mort ?” par des causes ordinaires et civilisées, dignes… Beaucoup rajouteront: “Et c’est un peu normal, il fumait, mangeait riche, et buvait même très correctement à l’occasion, …” …
Mais j’appréhende d’avance qu’ils puissent répondre: ” la fièvre porcine l’a emporté”, avec le sourire entendu et les commentaires fielleux qui accompagneront l’annonce, sous-entendant une gloutonnerie sans bornes, un manque d’hygiène chronique ou une libido exacerbée.
C’est pourquoi je me félicite du récent changement de nom de cette pandémie opéré par les médias. Reconnaissez que mourir de la grippe mexicaine offre un autre prestige post-mortem, fait entrevoir, en vrac, des cavalcades le chef ombré d’un sombrero, “La pistola y el corazon”, et une agonie bercée de corridos vantant les virils exploits de Pancho Vila et Zapata. Oui, mille fois, vive la grippe mexicaine!
En attendant, notre pays risque de crever bientôt d’une grippe sarkozine contre laquelle il n’est pas d’autres vaccins que massivement populaires.