Encore aujourd’hui, des soldats français meurent pour leur pays. On me répondra : ils avaient choisi le métier des armes. Peut-être, mais il y a moins de cinquante ans, d’autres jeunes, par milliers, ont perdu la vie sur la terre d’Algérie, simplement parce qu’ils avaient dû y accomplir leur service militaire. Je ne me rappelle pas que notre mère patrie ait alors tenté, par quelque faveur fiscale, de séduire ceux qui s’efforçaient d’échapper à la conscription. Ce qui les attendait, c‘était le déshonneur et la prison.
Pendant des siècles, et encore de nos jours, être Français a pu conduire à faire le sacrifice de sa vie. Aujourd’hui, certains privilégiés désertent leur pays pour ne pas avoir à acquitter leurs impôts. Il suffit pour cela d’être non-résident, c’est à dire de n’avoir en France aucun des éléments suivants :
- son foyer, lieu de résidence principale de la cellule familiale
- son lieu de séjour principal, à défaut de conjoint ou enfants
- une activité professionnelle, sauf si elle est accessoire
- le centre de ses activités économiques
Pour tenter de maintenir ou de faire revenir en France ces contribuables, notre gouvernement s’applique à réduire l’imposition qui leur est ou serait appliquée dans notre pays. Voilà une attitude bien surprenante de la part d’un pouvoir qui n’a pas de mots assez durs pour flétrir les fraudeurs de toutes sortes, en particulier ceux de la Sécurité sociale, du Pôle emploi ou d’autres subsides sociaux. Comme il n’hésite jamais à légiférer pour définir de nouveaux délits, à intensifier le flicage de ses citoyens, pourquoi s’évertue-t-il à tenter de séduire ces déserteurs fiscaux au lieu de les sanctionner ? Car la circulation à l’intérieur de l’espace de Schengen étant fort heureusement sans entraves, il est très vraisemblable que bien souvent l’expatriation ne soit que de façade.
Certes, il n’est guère plaisant pour un contribuable de voir l’Etat prélever plus de la moitié de ses revenus nets. Mais l’important n’est pas de considérer les impôts que l’on verse mais plutôt d’examiner si ce qui reste permet de continuer à mener une existence aisée. Bien souvent, ces prétendus expatriés s’efforcent simplement d’augmenter sans cesse leur patrimoine mais, à quelle fin ? Etre plus riche que le concurrent, avoir encore plus de propriétés et de biens dont on sera bien incapable de profiter ?
Il est urgent de réhabiliter l’impôt. Naturellement, la représentation nationale doit en contrôler la bonne utilisation. L’impôt sert non seulement à assurer une certaine redistribution de la richesse nationale mais aussi à favoriser le développement et le rayonnement de la France. Ceci posé, j’ai pour ma part connu dans ma carrière des périodes où mes impôts étaient modérés et d’autres où ils étaient plus conséquents. J’ai toujours été plus à l’aise pendant les secondes.
Il est d’une extrême indécence, comme le fait notre Président, qui honore à juste titre les martyrs du plateau de Glières, de protéger dans le même temps des aspirants déserteurs tel un certain Johnny Halliday.