Ca s'est passé hier. En silence. Sans faire de bruit. La jeune Delara Darabi, 23 ans, dont j'avais parlé il y a quelques jours sur ce blog, a été exécutée dans la prison de Rasht, au nord est de Téhéran. L'appel de ses parents, qui avaient imploré le pardon de la famille de la victime n'a malheureusement pas été entendu.
D'Amnesty International à Human Rights Watch, les organisations de défense des droits de l'homme peinent à retenir leur indignation.
L'Iran est officiellement signataire de deux conventions internationales dans lesquelles elle s'engage à ne pas exécuter de condamnés à mort pour des crimes commis avant leur majorité. Mais la peine de mort concernant les mineurs, qui fait l'objet d'un vif débat au sein de la classe politique, continue à être appliquée.
Un rapport très détaillé, que vient de publier la FIDH, place l'Iran en tête des pays ayant recours à ce genre d'exécution. Selon ce rapport (que vous pouvez consulter ici), 42 mineurs auraient été exécutés en Iran de 1999 à 2009.
Dans un article publié dans le quotidien réformiste Etemad Meli, Mehdi Karoubi, candidat à l'élection présidentielle de juin prochain, et ex-Président du parlement iranien, s'est ouvertement prononcé en faveur de l'abolition de l'exécution des mineurs. Cette prise de position n'a pas tardé à provoquer la grogne du journal conservateur Kayhan, qui accuse Karoubi « la propagande contre le système ».
Ceux qui ont suivi l'histoire de Delara Darabi, ont du mal à retenir leur émotion.
Sur le mur, un petit mot de l'artiste - absente - sobre et frappant, avait été accroché. « Les tableaux que vous voyez ici ne sont pas des images et des couleurs muettes. Ce sont les véritables et douloureuses photographies de notre vie », pouvait-on lire.
Cet événement culturel avait fait beaucoup de bruit au sein de l'intelligensia iranienne... Signe d'une résistance, mi-artistique mi-politique, contre la dure réalité de la peine capitale, qui fait partie intégrante des règles de la République islamique d'Iran...
Il y avait de l'optimisme dans l'air. Ses parents, qui avaient fait spécialement le déplacement depuis Rasht, commençaient enfin à retrouver un semblant d'espoir. Ils croyaient à la mobilisation suscitée par l'exposition. Ils priaient pour que les autorités judiciaires envisagent une révision de la condamnation. Depuis sa cellule, Delara, disaient-ils, avait, elle aussi, recommencé à sourire. Les mille et un efforts déployés n'auront malheureusement pas porté leurs fruits. Delara était trop jeune pour mourir. Elle a été pendue. A 23 ans.
Publiée sur Internet par une organisation humanitaire, une vidéo (cliquez ici pour la regarder) lui rend un dernier hommage.