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Les contes de l'ordi sacré : la vengeance du caribou fou 9

Publié le 02 mai 2009 par Porky

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EPISODE 9 : Où l'on revient avec un grand déplaisir dans le laboratoire maudit et où  l'on assiste à une conversation dont la principale particularité est de ne déboucher sur rien.

Pénétrons sur la pointe des pieds, avec un effroi indicible, dans le laboratoire maudit sis dans la plus haute tour du château d'Onyx Noir, perché sur une montagne, etc. etc. Nous allons y découvrir un spectacle qui étonnera peut-être nos nouveaux lecteurs mais qui rappellera aux autres quelques souvenirs : assis sur une chaise, le caribou fou réfléchissait et tentait de mettre au point un plan afin que sa vengeance fût la plus éclatante possible. Mais les idées qui lui passaient par la tête avaient une durée de vie comparable à celle d'un soupir et cette incapacité à en fixer une dans son cerveau délirant le mettait de fort méchante humeur. Pendant ce temps, Gudule vérifiait le bon fonctionnement de ses instruments de sorcellerie et pratiquait sur le Servile Séide quelques essais de torture afin d'être sûre que son matériel n'avait pas trop rouillé depuis la dernière fois qu'elle l'avait utilisé. Le grincement des chaînes, uni aux cris lamentables du Séide, (qui hurlait plus pour faire plaisir à sa bien-aimée que par réelle souffrance, vu que ledit matériel était dans un état assez déplorable) empêchait le caribou fou de réfléchir. Aussi finit-il par se lever et par flanquer une paire de baffes à la sorcière, laquelle hurla à son tour. Afin de la calmer, le caribou fou la saisit par les cheveux et lui fit faire à plat ventre quelques tours du laboratoire maudit, puis l'abandonna dans un coin, couverte de poussière et d'écorchures et se réinstalla sur sa chaise. C'est alors que l'Idée jaillit enfin et envahit cet esprit qui battait la campagne.

« J'ai trouvé ! s'écria le caribou fou en se frottant les pattes. Pour appâter la bande de crétins et les obliger à intervenir, il nous faut un appât. » « Oh oui, mon maître, gémit Gudule qui s'était péniblement relevée. Veux-tu que je me charge du rôle ? » « Surtout pas ! gronda le caribou fou. On va se servir de l'autre tache qui sévit sur Sainte Marguerite » et Gudule émit une abominable stridulation. « Oh oui ! dit-elle en trépignant. Cela fait des siècles que je lui cours après et qu'il m'échappe ! Cette fois, je le tiens ! Une fois que tu auras réglé leur compte aux abrutis, je l'obligerai à m'épouser. » Le caribou fou la considéra d'un œil songeur. « J'ai certes beaucoup de rancune à leur égard, murmura-t-il, et je leur souhaite tout le mal possible et imaginable, mais de là à envisager un mariage avec toi... Non. Il y a des choses que, même moi, je ne peux pas faire. Ce serait plus qu'inhumain. » « Mais c'est aussi ton ennemi, ô mon maître ! s'écria Gudule. Il n'a pas empêché ton frère de t'expédier sur Sirius ! » Ce rappel d'un événement qui n'était pas à la gloire du caribou fou déclencha chez notre adorable bestiole une crise de colère dont Gudule faillit encore faire les frais. Mais, galant, le Servile Séide se jeta devant sa sorcière adorée et ce fut lui qui reçut l'averse de gifles.

« Mais comment vas-tu faire pour exécuter un plan aussi diabolique ? » interrogea Gudule qui s'était réfugiée derrière ses pièges à loup. « Je ne sais pas encore, admit le caribou fou. J'ai réussi à choper une idée, c'est déjà un tour de force. Laisse-moi le temps de la mettre au point. » Et, pour pouvoir réfléchir tranquillement, il expédia Gudule et le Sanglant Séide au supermarché le plus proche afin de lui ramener de quoi nourrir son corps et son esprit.

Au même moment, chez Marsupilania, la discussion allait bon train. Multimédia et Logarithme s'étant plaint de la température prétendument trop basse de l'appartement, la Vaillante avait fait un feu de bois dans la gigantesque cheminée de son salon, tellement gigantesque qu'un arbre entier pouvait y brûler tranquillement, mais comme le tirage était inexistant, la fumée piquait les yeux, les narines, la gorge de nos héros qui échangeaient leurs idées entre deux quintes de toux. Finalement, on se décida à ouvrir la fenêtre, ce qui modifia quelque peu les conditions dans lesquelles on essayait vainement de réfléchir mais nullement la qualité extrêmement basse desdites idées.

Le caribou magique s'était un peu éloigné du groupe : d'abord, il avait vraiment trop chaud dans cette pièce, lui qui ne se sentait vraiment bien qu'avec les  -40° de son pays natal ; ensuite, cette manie de parler pour ne rien dire lui tapait sur les nerfs. Il s'était donc assis sur le rebord de la fenêtre et humait l'air de la nuit, sans trop écouter ce qui se disait non loin de lui. A vrai dire, on ne pouvait pas lui reprocher son inattention. Le premier sujet qui donna lieu à un très chaud débat fut le retour du caribou fou : comment avait-il pu quitter Sirius avant l'an 3814 ? Une heure après, on convint que, finalement, la chose avait relativement peu d'importance et qu'il fallait donc passer à un autre problème. Marsupilania ayant fait remarquer qu'au fond, le plus urgent était de savoir ce qu'il était en train de tramer parce qu'il allait certainement vouloir se venger, le caribou magique, que la nostalgie de ma cabane au Canada alliée aux insanités prononcées par ses compagnons avaient rendu silencieux et presque dépressif, quitta son refuge et s'avança vers le groupe. « La parole est au caribou magique », dit Marsupilania en donnant un grand coup de poing sur son parquet vitrifié.

« Pendant que vous... heu... « discutiez », j'ai pu obtenir quelques informations en me connectant au central magique, dit-il. Mon frère a réussi à déstatufier Gudule... » et toute le monde fit un « ohohohoh » de consternation. « Il l'a emmenée avec le Servile Séide dans le château d'Onyx Noir », continua le caribou magique. « Ohohohohoh », redit la troupe, de plus en plus consternée. La Belle Monogramme, Princesse de conte de fée, pour une fois disciplinée, leva le doigt. « Donc, si j'ai bien compris, il va de nouveau y avoir enlèvement, poursuites, coups de revolver, et tout le tralala ? » Le caribou magique approuva silencieusement de la tête. « Je n'arrive pas à me connecter sur le cerveau de mon frère, reprit-il. Quelque chose bloque la transmission. Je le soupçonne d'essayer de réfléchir, et ça, c'est très, très, très mauvais signe. Avec Gudule et le Servile Séide, il est capable de faire sauter la planète. » « Ce n'est pas grave, on ira sur Sirius », dit Myxomatose et on jeta au chevalier Masqué des regards fort courroucés. « Je tenterai une nouvelle connexion au cours de la nuit, dit le caribou magique. Mais pour l'instant, nous ne pouvons rien faire. Allons nous coucher. »

(Que va-t-il se passer pendant la nuit ? Le caribou fou mettra-t-il au point son plan ? Gudule et le Servile Séide trouveront-ils le supermarché ? Nos héros vont-ils subir une attaque inattendue ? Et quel rôle réserve-t-on à notre sympathique Masque de fer ? Bon, d'accord, on tire un peu la sauce, mais ça va bouger bientôt, promis, juré.)


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