Paru le 2009-05-03 17:01:00
États-Unis – Le meilleur allié dans la lutte contre le paludisme pourrait être le moustique lui-même. La compréhension de son système immunitaire permettrait aux chercheurs de mettre au point une technique de lutte efficace sur le long terme. Le « moustique anti-malaria » ou des anticorps injectés dans le corps humain et transmis aux moustiques pourraient un jour être plus efficaces que les moustiquaires elles-mêmes.
Selon une nouvelle étude, les moustiques ont un système immunitaire qui détruit 80 à 90 % des parasites du paludisme qui entrent dans le corps de l’insecte. Quelques experts pensent qu’il serait plus efficace de s’attaquer au paludisme lorsque le virus est dans l’insecte, avant d’être transmis à l’Homme.
Les chercheurs auraient découvert le mécanisme qui actionne les défenses des moustiques. Dans le sang du moustique, trois protéines forment un complexe qui « se lie au parasite responsable du paludisme et perce sa membrane », détruisant ainsi la couche qui protège le parasite, déclare George Christophides, coauteur du rapport publié dans Science.
Selon un premier scénario, les scientifiques pourraient créer un moustique génétiquement modifié et ainsi améliorer sa faculté à éliminer l’agent responsable du paludisme. La clé serait de trouver des facteurs qui donneraient aux nouveaux gènes contre le paludisme un avantage sélectif puis de les répandre rapidement à travers les populations de moustiques via l’élevage, explique Gregory Lanzaro, directeur du « Vector Genetics Lab » de l’université de Californie.
La deuxième option serait de développer des anticorps qui peuvent contrer les formes parasitaires très tôt lorsqu’elles s’installent dans le moustique, et de transmettre ces anticorps via le corps humain. « Le système immunitaire du moustique ne produit pas d’anticorps lui-même » explique Marcelo Jacobs-Lorena, professeur d’immunologie à l’institut de recherche sur le paludisme de Baltimore. Mais si les hommes sont vaccinés avec ces anticorps, ils seront transmis aux moustiques quand ils se nourriront du sang des individus vaccinés. Combiné à un second vaccin protecteur, cela pourrait être une vraie solution.
L’étude a été menée avec une souche de parasite type qui affecte principalement les rongeurs et sur des moustiques de laboratoire, quelque peu différents génétiquement des moustiques sauvages. Elle ne révèle donc peut-être pas ce qui se passe réellement dans la nature. « C’est une découverte importante, mais elle doit être validée avec les parasites qui touchent les hommes » confirme le Pr Jacobs-Lorena.