Lettre ouverte à quelques Juifs de France et d'ailleurs

Publié le 01 mai 2009 par Drzz

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Lettre ouverte à quelques Juifs de France et d’ailleurs

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Michel Garroté, journaliste catholique     Depuis quelques temps, je désirais m’adresser - directement et par écrit - à ceux d’entre les Juifs de France (et d’ailleurs) qui, visiblement, n’ont pas encore saisi la gravité de l’antisémitisme qui s’empare à nouveau de l’Hexagone (même si nombre de Juifs, en France et ailleurs, ont déjà saisi cette gravité, tels par exemple Michel Gurfinkiel, Menahem Macina, Philippe Karsenty ou Gilles William Goldnadel entre autres). Or justement, pas plus tard que le jeudi 30 avril, j’étais dans le vif du sujet, puisque je passais trois heures consécutives devant mon écran de télévision, à suivre sur Planète un documentaire exceptionnel d'Yves Jeuland, documentaire sur l’histoire des Juifs en France au 19e, au 20e et au début du 21e siècles (1).

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Mathieu Amalric a prêté sa voix à ce documentaire d'Yves Jeuland, documentaire qui a été diffusé, en deux parties, sur la chaîne de télévision Planète, le jeudi 30 avril 2009, sous le titre « Comme un juif en France » (« De l’affaire Dreyfus à Vichy » et « De la Libération à nos jours »).

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Résumons ce documentaire. Dès 1944, les survivants de la Shoah revenus en France tentent d'oublier leur cauchemar pour retrouver une vie normale. En 1962, des centaines de milliers de rapatriés d'Algérie arrivent en métropole, y compris des Juifs d’Algérie (Oran, Constantine et Alger). Puis, des Juifs du Maroc, de Tunisie et d'Egypte. En 1967, Israël est menacé de disparition par les pays arabes.

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En effet, l’année 1967, le dictateur égyptien Nasser veut « jeter les Juifs à la mer ». En l’espace d’une seule et unique génération, les Juifs sont ainsi menacés une deuxième fois d’extermination, quelques vingt ans seulement après la Shoah. En 1967, le monde entier retient son souffle. Mais Israël, avec des armes peu performantes en comparaison des armes actuelles et avec trois fois moins de soldats que les Arabes, Israël remporte la guerre de 1967 en six jours. Et les Juifs rescapés de la Shoah ne sont donc pas « jetés à la mer ».

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Dans les années 1990, soit cinquante ans après les collabos capitulards de Vichy et leur idolâtre bouffonnerie pétainiste, la France reconnaît, enfin, sa co-responsabilité dans la Shoah. Et aujourd’hui, en ce début de 21e siècle, presque personne ne semble réaliser qu’en France et ailleurs, un nouvel antisémitisme, une nouvelle judéophobie, se développe toujours plus, dans l’indifférence quasi générale. Il est à nouveau question de « rayer Israël de la carte » (dixit Mahmoud Hitlerinejad) et les Juifs sont - une fois encore - jugés « responsables » de la crise financière. 2009 ressemble, de plus en plus, à la fois à 1929 pour la crise, et à 1939 pour l’imminence de la guerre.

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Voilà donc, en quelques paragraphes, le court compte-rendu de ce film documentaire intitulé « Comme un juif en France ». Maintenant, venons en aux faits qui nous préoccupent dans le temps présent, en 2009. Par exemple, l’affaire Ilan Halimi, ou plutôt, devrais-je écrire, l’affaire Youssouf Fofana avec le « gang des barbares », affaire si j’ose dire « résumée », par l’AFP, dans une dépêche que l’on trouvera sur juif.org (2). Sans entrer ici dans le détail des personnes, je sais de source sûre que ce procès à huis clos s’est déroulé dans des conditions tout simplement scandaleuses.

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Et pour revenir au film documentaire « Comme un juif en France », j’aimerais simplement dire que j’ai pris acte du fait que pour la génération de Robert Badinter et de Théo Klein, ce sont la déclaration universelle des droits de l’homme issue de la révolution française et la laïcité républicaine qui garantissent aux Juifs de France le statut de citoyens français à part entière. C’est ce que semblent penser la génération de Robert Badinter et de Théo Klein. C’est peut-être aussi pour cela que le CRIF se nomme CRIF et non pas CRIJF, le « J » ayant été soigneusement omis, comme si l’assimilation française signifiait la cannibalisation de l’identité juive. Et, encore une fois, de tout cela, je prends acte. Cela étant dit, il se trouve que les temps ont changé.

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Car aujourd’hui, en 2009, ni la déclaration universelle des droits de l’homme issue de la révolution française, ni la laïcité républicaine, ne suffissent, à elles seules, à garantir aux Juifs de France un statut de citoyens français à part entière. La récente Conférence « Durban II » de Genève (voir les articles d’Ivan Rioufol et de Guy Milliere) sur le racisme et l’affaire Ilan Halimi, devenue l’affaire Youssouf Fofana avec le « gang des barbares », en sont deux preuves parmi bien d’autres. Que les Juifs vous le compreniez ou non, nous sommes appelés à vivre dans une société libre de culture judéochrétienne.

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Je n’ai pas à vous rappeler le prix que vos parents, vos grands-parents et vos ancêtres ont payé pour que nous parvenions tous ensemble à créer cette société libre. Or, la version actuelle de la laïcité française et la forme actuelle de la déclaration des droits de l’homme ne vous protègent pas de la judéophobie et ne nous protègent pas de la christianophobie. Ce n’est pas une question religieuse. C’est une question culturelle. Au plan politique, je ne vois pas, à vue humaine, de solution. Mais je tenais néanmoins à vous écrire cette lettre, que vous lirez peut-être, si vous avez le temps, comme chantait l’autre, il y a longtemps.

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Copyright Michel Garroté, journaliste catholique

http://monde-info.blogspot.com

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(1) http://www.planete.tm.fr/programme/fiche.html?PROG_ID=8851878

(2) http://www.juif.org/go-news-96117.php

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