Voici un article que l´on m´a fait parvenir et que je propose à votre lecture , suivi d´un commentaire et d´une mise au point de l´auteur .
Bonne semaine à tous,
" Le battage autour du programme de Téhéran pourrait être un leurre pour le faire accepter au monde arabe.
Cette analyse fera sans doute bondir, mais libre à chacun de souscrire ou non à des thèses qui se distinguent des idées communément admises. Les gesticulations iraniennes autour de leurs
ambitions et leur programme nucléaire et la polémique sur la construction avancée d'une bombe pourraient être un leurre. De nombreux experts militaires le pensent, au moins officieusement,
notamment en Israël. Les rodomontades et provocations permanentes de Téhéran n'auraient pas pour objectif principal d'intimider Israël. Elles sont une constante sur laquelle se fonde le régime
des Mollahs. Et surtout en se posant en rival mortel d'Israël, l'Iran peut faire accepter progressivement au monde arabe le fait qu'il possède déjà — ou qu'il possèdera bientôt — l'arme
nucléaire.
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En fait, le nucléaire iranien ne date pas d'aujourd'hui. Dès 1953, le programme américain «Atome pour la paix» avait pour objectif d'exporter les techniques nucléaires vers les alliés. Téhéran a fait l'acquisition en 1959 d'un réacteur nucléaire de recherche de fabrication américaine. Washington a promis au Shah d'Iran, en 1970, un programme nucléaire avec la collaboration de sociétés israéliennes, françaises, allemandes et américaines. Les Mollahs ont longtemps fait croire qu'ils avaient abandonné ce projet qui n'a en fait jamais été stoppé d'autant plus que la guerre Irak-Iran de 1980 à 1988 a montré la vulnérabilité du pays aux armes chimiques et aux missiles sol-sol de Saddam.
Certains experts confortent cette théorie en considérant très suspecte l'explosion d'un train de marchandises près de Nevshapour le 18 février 2004 à quatre heures du matin qui a fait des centaines de morts. Une vidéo diffusée par France 5 témoigne de la catastrophe. Le gouvernement avait justifié l'accident par une réaction chimique due à la proximité du coton et du goudron. Or le documentaire prouve que l'hypothèse du coton et du goudron était complètement farfelue car l'explosion n'a pas été suivie d'incendie. Un processus inverse est intervenu puisqu'en fait un incendie s'est d'abord propagé pour entraîner au petit matin une explosion.
Les images diffusées montrent un incendie à bord d'un train à la gare Khayyam que des pompiers tentent de maîtriser alors qu'ils sont entourés par un nombre impressionnant de Pasdarans. Il est improbable que ces troupes de choc se soient déplacées pour un simple incendie de coton.
Nevshapour abrite une usine souterraine d'enrichissement nucléaire, planifiée par les Occidentaux et bâtie par les Russes. Les images d'apocalypse sont suspectes. Le village a été soufflé tandis que les maisons du village voisin brûlaient sans faire de survivants. La caméra dévoile dans les champs, les cadavres déchiquetés ne portant plus de vêtements comme s'ils avaient été soufflés. La très forte chaleur dégagée a cuit dans un four naturel des visages au point de les rendre méconnaissables. La gare a disparu sous un immense cratère de 60m de rayon. Les experts, analysant les images et les faits confirment que l'accident n'a pu être provoquée que par une explosion nucléaire.
La poursuite de l'arme nucléaire était en partie sous-entendue par Ardeshir Zahedi, ancien ministre iranien des Affaires Etrangères du Shah (1966-1973), qui a signé au nom de son pays le Traité de non-prolifération (TNP) et déclarait dans une interview à RFI, le 1er mai 2006, que « l'objectif du programme nucléaire iranien n'était pas militaire. Mais, il est évident que lorsqu'on développe la technologie nucléaire civile, le volet militaire devient forcément accessible.»
Benjamin Netanyahou, l'actuel Premier ministre israélien, prône l'option militaire du bout des lèvres mais cherche à convaincre l'Occident de prendre des sanctions économiques drastiques pour mettre l'économie de l'Iran à genou, donc le régime. Il l'a déjà martelé devant la commission française des Affaires Etrangères et persiste aujourd'hui après son élection : «L'Iran est considérablement plus faible qu'il y a six mois à cause de la crise économique et de la chute du prix du pétrole. Ce régime est sensible à la pression qui devrait s'intensifier.» Il est en fait partisan en fait d'une solution négociée... puisqu'il n'a plus à interdire une arme qui existerait déjà.
En cela, Netanyahou est finalement assez proche de la stratégie européenne qui semble jouer en faveur d'une neutralisation respective des deux détenteurs du feu nucléaire au Proche-Orient.
Larry Derfner, du Jérusalem Post, commence à préparer l'opinion israélienne à la nouvelle réalité: «Dissimuler le démarrage d'un programme nucléaire est bien plus facile aujourd'hui qu'en 1981 et cela va devenir de plus en plus facile. Un Iran nucléaire est tout à fait acceptable. Nous pouvons vivre avec. La vérité est que nous avons vécu pendant tout ce temps ici avec des menaces très similaires.»
Un nombre croissant d'experts en Israël est convaincu que l'Iran possède déjà l'arme nucléaire mais pour le moment le danger pour la sécurité et la survie même du pays n'est pas immédiat. Il le sera le jour où Téhéran possédera un lanceur efficace capable de porter une ogive nucléaire sur quelques milliers de kilomètres. Ce jour n'est pas encore arrivé et le délai nécessaire à sa concrétisation technique permet à Israël de mettre au point les moyens techniques sophistiqués pour détruire en vol tout engin de destruction qui le menacerait. Le Hetz, missile anti-missile, vient de réussir lors d'un essai à intercepter et détruire un missile balistique comparable au Shihab iranien.
La relative sérénité de son gouvernement peut aussi être considéré comme une autre preuve qu'Israël a compris depuis longtemps que le bruit fait autour du programme nucléaire iranien pourrait être un leurre à destination des pays arabes. Dernier élément, les objectifs imposés à Tsahal en cas d'attaque contre l'Iran ne sont plus de détruire les usines de fabrication de la bombe car le risque écologique et politique serait trop grand mais de viser les usines de fabrication de lanceurs et les bases de missiles car les bombes nucléaires dans leur état actuel — c'est à dire sans lanceur — restent inoffensives. "
Jacques Benillouche
http://www.slate.fr/story/4303/iran-d%C3%A9j%C3%A0-arme-nucl%C3%A9aire-israel-missiles
Paru le Mercredi 29 Avril 2009
Téhéran ne peut confirmer son appartenance au cercle nucléaire sans générer une réaction incontrôlée de la part des pays arabes, de l'Inde et du Pakistan qui ne peuvent évidemment pas tolérer de se faire doubler par un Etat voisin prosélyte et agressif. L'hostilité entre les Arabes et les Iraniens (perses) et entre les Sunnites et les Chiites est une constante historique. Elle s'est traduite, entre autre, par la guerre Irak-Iran et la guerre civile en Irak après l'invasion américaine de mars 2003 entre les communautés Chiites et Sunnites. Voilà notamment pourquoi l'Iran se sent en permanence menacé et cherche depuis des décennies, depuis l'époque du Shah, à se doter de l'arme nucléaire.
Les Iraniens poursuivent aujourd'hui deux buts: d'une part faire progressivement admettre l'existence de leur arme de destruction massive sans s'attirer les foudres proche-orientales et d'autre part faire comprendre à Israël qu'ils sont à présent à égalité de moyens: le propre de la dissuasion.
L'Iran a donc décidé de s'adosser au problème palestinien, le seul capable de fédérer les musulmans contre le Satan commun. Pointant le danger que représente l'Etat juif pour les nations arabes, Téhéran détourne l'attention du risque que fait courir le nucléaire iranien dans la région. L'Iran tente d'obtenir un blanc-seing de la part de pays qui le détestent et justifie la nécessité de recourir à la seule arme capable de détruire Israël, à savoir la bombe atomique.
Cette stratégie semble aujourd'hui réussir puisque aucun leader arabe n'a manifesté la moindre réserve officielle sur la détention de la bombe nucléaire par les Mollahs dès lors qu'elle est destinée à détruire l'ennemi commun. Cette technique visant à détourner l'attention a été encore utilisée à la réunion dite Durban II à Genève par le président iranien Mahmoud Ahmadinejad.
La cause palestinienne a toujours été utilisée comme alibi. L'Iran s'en sert aujourd'hui tout comme Saddam Hussein en son temps avait utilisé la caution palestinienne pour envahir le Koweït. Aucun leader palestinien influent ne s'était alors cru mandaté pour dénoncer l'absence de lien entre sa cause nationale et l'invasion d'un pays frère.
Autre indice, les dirigeants israéliens ne parlent plus aujourd'hui de leur volonté d'empêcher Téhéran de se doter de l'arme nucléaire mais envisagent de détruire «sa capacité à construire des bombes».
Le lapsus en 2006 sur une chaîne de télévision allemande du Premier ministre israélien Ehoud Omert est aussi étonnant. Il avait fait des déclarations laissant penser qu'Israël disposait d'armement nucléaire ce qui reste un sujet tabou dans le pays. Mais le silence et le secret n'ont plus d'objet si l'Iran détient la même arme.
Un programme nucléaire quinquagénaire