Personne n’a constaté peut être comment le Gouvernement pro islamique à Ankara à troquer ses relations stratégiques étendues avec Israël pour renouer avec la Syrie.
La Turquie vient en effet d’achever, la semaine dernière, trois jours de manœuvres militaires avec la Syrie. L’exercice était assorti de la signature d’une lettre d’intention en vue d’une coopération dans l’industrie militaire, entre le Ministre turc de la Défense Vecdi Gonul et son homologue syrien Hassan Turkmani.
La décision de la Turquie d’organiser des manœuvres militaires et surtout la signature d’une lettre visant à établir une coopération militaire avec Damas viennent pour dérailler les liens de coopération de longue haleine entre la Turquie et Israël.
Israël doit-il alors « s’inquiéter » de ce rapprochement, comme l’a indiqué le ministre de la Défense ? Tout d’abord l’accord militaire entre la Turquie et Israël du 23 février1996 pourra être déclaré inopérant. En plus il a des risques que le matériel hautement sophistiqué délivré par Israël à la Turquie tombera dans les mains de Damas. Des avancées technologiques peuvent être maintenant transmises aux Syriens. Par le passé, il est arrivé à plusieurs reprises que des connaissances technologiques très sensibles aient été partagées avec des pays « amis », puis glissé vers d’autres pays moins recommandables.
La Syrie fait parti de ces « mauvais garçons » de la Communauté Internationale. Son régime est un expert dans la manipulation des pays voisins et dans le jeu de billard à trois bandes. Ce pays cherche, par exemple, à avoir de bonne relation avec l'UE (L’UE et la Syrie ont décidé de lancer l’accord d’association le 14 décembre 2008) alors que le régime syrien entretint de mauvaises relations avec les pays arabes modérés !
L’ambassadeur syrien en Egypte et délégué permanent du régime de Damas auprès de la Ligue arabe, Youssef Ahmad, a été renvoyé récemment à Damas par les autorités égyptiennes sur fond de graves désaccords entre les présidents Hosni Moubarak et Bachar el-Assad concernant le dossier palestinien et, plus particulièrement, la légitimité du gouvernement dirigé par le Premier ministre Ismaïl Hanyieh dans la bande de Gaza.
La Syrie qui se sent rejeté par ses voisins arabes (puisqu’elle est la déléguée exclusive des intérêts iraniens dans la région) cherche donc aujourd’hui des alliances avec des pays non arabes. Elle a trouvée dans la Turquie, un nouvel ami qui pourra lui compenser son isolement arabe.
Pourtant la Syrie n’a jamais cessé son aide aux rebelles kurdes qui constituent en fait une « menace » pour la Turquie. Cette nouvelle idylle entre Ankara et Damas montre à quel point les turcs sont dupés et pensent que la Syrie pourrait être leur ami fidèle. Alors que réellement la Syrie n’est pas si innocente.
Bachar El-Assad veut absolument son retour dans la Communauté internationale comme un « homme fréquentable » mais cela aurait des conséquences inéluctables sur la région. Il ne faut pas oublier que son régime fournit des armes au Hezbollah, abritent les quartiers généraux d’organisations terroristes dans la capitale syrienne et il est engagé dans diverses activités répugnantes au Moyen-Orient.
La Syrie a hébergé, entraîné et financé de nombreuses milices terroristes dont la milice Fatah al Islam (dirigée par un Palestinien Shaker al-Absi payé par la Syrie) qui a opéré contre l’armée libanaise au camp palestinien de Nahr el Bared, dans le but de s’emparer de Tripoli. C’est aussi une autre preuve que les responsables syriens ne respectent pas leurs voisins.
Toujours dans le but de nuire à son petit voisin libanais, Damas continue l’incitation à la haine raciale et au confessionnalisme au Liban. Et dans le but de déstabiliser ses voisins arabes, la Syrie a même offert le port de Tartous pour amarrer une dizaine de navires de guerre russes.
Tout cela nous montre que le régime Syrien est infréquentable dans la région et que la dynastie des Assad qui règne sur la Syrie par le népotisme, la torture, l'assassinat et le renseignement, depuis déjà 4 décennies, ne peut pas faire de la Syrie un voisin loyal et respectueux envers ses voisins. Alors pourquoi la Turquie troque ses relations stratégiques étendues avec Israël pour renouer avec la Syrie ? Pourquoi Ankara s’est laissé duper ?
Ftouh Souhail