Et L’Islande créa la femme.

Publié le 30 avril 2009 par Vivreenislande @vivreenislande
Il y a une dizaine de jours, les islandais ont écarté la droite du pouvoir et choisi une coalition de centre-gauche pour les sortir de la crise qui touche l’île depuis octobre 2008. Le parti Social-Démocrate de Johanna Sigurdardottir et le mouvement Gauche-Verts se sont emparés de la majorité absolue au parlement, avec 34 des 63 sièges à pourvoir.
Une alternance qui passerait pour normale, voire ordinaire en France. Une gageure dans un pays dirigé par la droite (Parti de l’Indépendance et Alliance sociale démocrate) depuis… 1944, date de l’indépendance de l’Islande. À force de manifestations quasi quotidiennes parfois volcaniques, les islandais ont poussés à la démission les responsables désignés de la catastrophe économique.
Faillites en cascades, chômage, forte inflation, effondrement de la couronne islandaise, émigration massive… depuis quelques mois maintenant, la terre du bout du monde est au fond du trou. Le pays fut près de 10 ans durant, l’exemple à suivre et se révèle aujourd’hui comme l’une des nations les plus endettées au monde, par la faute de quelques dizaines de tristes sires incompétents.

L'île est une terre de contrastes. Le voile sombre et froid des hivers islandais finit toujours par se retirer, laissant la place à la clarté vive et éternelle du printemps revenu. L’insouciante désinvolture de la population en matière de recours au crédit, a précédé une égale obstination à vouloir reprendre en main son destin. Le peuple islandais a opté pour des solutions à l’image des extrêmes qui caractérisent le pays, et qui s’illustrent aussi par le choix de recourir aux femmes pour soigner les maux engendrés par la légèreté coupable de certains mâles.
À la fin de l’année dernière d’abord, de gentes dames furent créditées d’une capacité, jusqu’alors ignorée, de diriger deux des trois banques nationalisées en urgence.

Début 2009, "Sainte Johanna", ensuite, se vit confier les rênes du gouvernement provisoire missionné pour relayer un pouvoir déliquescent et durement critiqué.


Il y a quelques jours, ce sont plus de 85% des 228 000 électeurs (sur 330 000 habitants) qui ont offert une éclatante victoire à Johanna Sigurdardottir et à ses partenaires, laissant ses opposants dans la posture de géants déchus, figés tels des icebergs à la dérive
dans la glace de leur incurie.
Mieux, avec 42% de femmes élues, le nouveau Parlement islandais compte désormais parmi les plus féminisés de la planète.
L’un des enjeux majeurs du nouveau gouvernement dans les semaines à venir, tiendra à la capacité de ces dames de s’entendre sur la question de l’adhésion à l’Union Européenne sans se crêper le chignon; un sujet qui divise fortement les islandais. Johanna devra dans un premier temps convaincre ses amis écologistes, qui y sont farouchement opposés.

Et puis enfin, c’est une autre femme, franco-norvégienne, qui depuis le 29 mars dernier, conseille la nouvelle équipe dirigeante. Eva Joly, l’ancienne juge de l'affaire Elf, a été missionnée auprès du procureur de la République islandais, pour retracer l'évasion des capitaux qui a conduit à l'effondrement du système bancaire. Je suppute que son enquête, qui devrait la mener d’un bout à l’autre de la planète, pourrait bien conduire à d’autres scabreuses révélations.
« Notre temps est arrivé », avait déclaré la très populaire Premier Ministre au soir de son élection.
Le temps de l'alternance politique, ou bien le temps des femmes au pouvoir ?
SourcesPhoto Johanna Sigurdardottir : ReutersPhoto Eva Joly emprutée à David Reverchon sur Flickr