Puis l'accident, stupide : le riche héritier du duché de Belgambourgie emplafonne la voiture de Canardo au détour d'un carrefour. La Cadillac finit dans l'eau, et ses deux occupants s'en sortent, amochés, mais vivants. Tout particulièrement Galina : son visage est ruiné. Plus rien. C'est son oncle qui tire la tronche. Peut-être pas autant que la Duchesse dont les frasques filiales ont usé tout amour maternel : son petit Norbert est accessoirement un obsédé sexuel et un pervers notoire. Renverser un pute dans la Cadillac d'un inspecteur à la dérive, cela attire la presse à scandale, mais rarement les bonnes feuilles...
Les amateurs de Sokal et de son canard fétiche retomberont sous le charme d'une aventure vraiment saugrenue et inédite : même si l'on perçoit un cynisme plus désabusé - préfiguré par cette larme de la couverture ? - que jamais de la part de notre coin-coin favori, reste que l'atmosphère et la gueule de la BD sont toujours au rendez-vous.
Le dessin pour sa part ne bouge pas d'un poil, ni d'une plume, avec des mafieux plus truands que des vrais et l'angélisme incarné dans des visages de jeunes femmes défigurées. Ces animaux qui nous ressemblent tant, au point que l'on pourrait les confondre avec des faits réels qui seraient arrivés à des vraies personnes... Toujours un délice !
Canardo, La fille sans visage, publié chez Casterman, par Sokal, pour 10 €