La grande salle du cinéma des cinéastes, avec son armature de fer surannée
L’avantage des courts métrages sur les longs, comme dirait La Palisse, c’est qu’ils sont courts…Derrière ce pléonasme, se cache une densité, une inventivité amplifiées par la liberté et le manque de moyens. Et si le film est raté le spectateur a du moins la consolation que l’ennui ne durera pas…
Bref, les courts métrages gagneraient à être plus diffusés…
Le Cinéma des Cinéastes, à trois pas de la place de Clichy, s’y emploie, en organisant de Novembre à fin Juin des « week-end du court », manifestation qui se décline en 4 thématiques: Portes ouvertes aux cinéastes, Carte blanche aux compositeurs, Le meilleur du court et Séance Dailymotion.
Les dernières Portes ouvertes aux cinéastes, le 11 Avril, en mettaient plein les mirettes en 46 min et pour 4 euros seulement.
Au programme, « Faccia d’Angelo » d’Elsa Amiel, qui met en scène la vraie-fausse mort d’un ancien boxeur, entre souvenirs et hallucinations, dans un noir et blanc à la fois soigné et cru, attentif à rendre les sensations olfactives et tactiles. Un pur chef d’œuvre de 16 min.
Dans un tout autre registre, Valéry Lambert et Laurent Suied nous offrent avec « M’aime pas peur » une histoire drôle et tendre, qui commence comme un western et se termine par un happy end décalé, où les personnages semblent prendre du recul avec la comédie romantique. Cela donne cet échange savoureux *:
(Lui) : « Ca te dirait d’aller voir ma mère Dimanche ?
(Elle) : Bah , ch’sais pas, elle est sympa, ta mère ?
(Lui) : euh…oui, dépressive mais sympa… »
Si le troisième court-métrage, un peu longuet, convainc moins malgré quelques bonnes idées, le quatrième, « (Je t’aime) » de Mathilde Nègre, évite astucieusement les banalités que son titre laissait craindre. On s’attendait à un tête-à-tête niaiseux, quelques entortillements de cheveux et de nombreux silence gênés. On assiste en fait à un traitement audacieux du temps, la rencontre se déroulant à rebours, en commençant par la non déclaration pour remonter ensuite au début de la soirée, impactée pourtant par la fin de l’histoire, la protagoniste se rendant compte qu’elle en pince pour un piètre individu, de surcroît amateur de jeux de mots moisis* :
(Elle) : « Enfin, en ce moment je réalise un film… »
(Lui) : « Tu réalises ? Tu réalises que la vie est dure ?! »
Donc vraiment, courrez-y, il y a encore pas mal de découvertes à faire d’ici la fin du mois de Juin, à commencer par celles que promet la prochaine séance du Meilleur du court, samedi 9 mai à 12h.
En plus à 12h le samedi normalement on fait la lessive ou les courses… Rien qui ne puisse être reporté.
* Citation approximative, mais l’idée est là.