Il y a 15 jours, nous avions fini la séance de préparation à l'accouchement en visionnant des films sur
des naissances. Un en particulier nous avait frappées, émues, et pour certaines presque terrorisées. Il a été réalisé il y a 20 ans et nous avons pu y voir A., alors jeune sage-femme, guidant une
future mère dans la mise au monde de son enfant.
Habituellement, A. commence chaque séance en répondant aux interrogations qui ont pu émerger en nous durant la semaine; mais là, pas question. A. a senti qu'un malaise s'est installé durant la
projection des films, elle nous a laissé digérer mais aujourd'hui elle veut que nous libérions nos angoisses. Je n'avais pas perçu le trouble, je suis donc un peu surprise.
Certaines de celles qui ont vu les films la semaine précédente se sont senties mal a l'aise... Une gêne à entrer ainsi dans l'intimité d'un couple. D'autre ne se sont pas reconnues dans le contrôle
du souffle, de la naissance. Les habitudes culturelles ont la vie dure; voir et entendre hurler une femme nous vient plus facilement à l'esprit que la vision sereine qui nous a été offerte. Cette
fameuse Anne contrôlant la descente de son enfant, le laissant traverser son bassin. Plusieurs vues sur sa vulve dilatée laissant apparaître puis passer la tête de son enfant. Là aussi, certaines
d'entres nous ont ressenti quelques craintes : la déchirure.
Je n'ai ressentie qu'éblouissement face à cette femme qui, sans hurlements déchirants, donne la vie. Le plus impressionnant est la sérénité dont elle fait preuve. J'aimerais être aussi "juste"
qu'elle, garder le contrôle du souffle, ne pas me faire embarquer par une vague de douleur dont je ne parviendrais plus à me défaire. Beaucoup d'entre nous n'ont pas la moindre crainte, mais comme
elles le disent si bien, elles ont le temps de les voir apparaître avant le terme de leur grossesse.
A. a répondu aux différentes questions, atténué ou même fait disparaître quelques craintes, rassuré les plus anxieuses. Est-ce mon expérience de multipare qui m'a permis de ne voir que la beauté de
cet acte ? Ou les diverses expériences que j'ai de l'accouchement me permettent-elles de comparer et ainsi de rêver à l'accouchement idéal ?
Ce rêve deviendra-t-il réalité ? Étrangement, je n'en ai jamais douté. Je sais que je peux et j'ai fait en sorte d'avoir toutes les connaissances (ou presque) pour me permettre d'y parvenir. Je
n'arriverai pas à la maternité comme une fleur sans avoir fait connaissance avec mon corps et avec ses capacités.