Pas tous les jours facile d’être un civil tamoul au Sri Lanka. Les télévisions, qui couvrent la catastrophe humanitaire actuelle, usent à souhait du qualificatif « d’otage ». A raison.
Il y a deux mois, un reportage de France 24 faisait état du ressentiment qu’entretiennent les Cingalais à l’égard des Tamouls. Las des actions terroristes perpétrées par les « Tigres de Libération de l’Eelam », beaucoup ne voyaient en leurs voisins que des assassins notoires.
Or, loin d’épouser la cause que mène la guérilla marxiste (même si beaucoup souhaitent plus d’autonomie pour le territoire tamoul, situé grosso modo au nord-est du Sri Lanka), ces derniers sont pris entre deux feux. Celui de l’armée sri lankaise, d’un côté, et celui de leur compatriotes en lutte, de l’autre. Les « Tigres » refusent, en effet, que les civils évacuent la zone des combats, faisant d’eux des boucliers humains de premier choix.
Ça, c’est pour la version simplifiée. Car la réalité est beaucoup plus complexe. Le conflit sri lankais implique d’autres formations paramilitaires, qui combattent toutes suivant la dualité Cingalais/Tamouls. L’EPDP, le Parti démocratique du peuple de Eelam, est une formation politique dont certains militants savent aussi bien jouer du bulletin de vote que de l’AK47. En ligne de mire : les journaux Tamouls, comme Uthayan. EPDP a également ses propres publications… dont les rédacteurs sont assassinés par les Tigres. Cela ressemble donc à un conflit sans fin.
Sauf qu’il semble, à présent, que Colombo veuille en finir définitivement avec la guérilla. Le président Mahinda Rajapakse a été élu, en 2005, précisément pour « terminer le travail ». Jamais le gouvernement sri lankais n’a infligé de tels dégâts aux guérilleros tamouls. Acculés, ces derniers demandent à la communauté internationale d’intervenir en faveur d’un cessez-le-feu. Pour eux. Pour qu’après 40 ans de conflit, cingalais et tamouls pansent leurs plaies et repartent de plus belle. En attendant, 50000 civils tamouls restent prisonniers des combats… dans un étau sanglant.