Il y a 15 ans sur le tracé d'Imola, la F1 perdait l''un de ses plus grands champions. A cette occasion F1Buzz vous propose une biographie du pilote Brésilien.
A l’instar d’un Gilles Villeneuve, Senna occupe une place à part dans le cœur des fans de la discipline reine de la sport auto. Une carrière unique, un palmarès qui laissera toujours un goût d’inachevé. Qu’aurait-été la F1 sans ce terrible week end d’Imola le 1er mai 1994? Au delà des chiffres, Senna avait conquis le public pour ses qualités humaines, c’est çà aussi qui fait un grand champion. La dimension quasi mystique de la personnalité d’Ayrton n’a fait qu’accentuer la légende.
Biographie
Issu d’une riche famille pauliste, le jeune Ayrton se voit très tôt offrir son premier kart. D’emblée, il se frotte avec succès à des pilotes plus âgés que lui. Le talent est là, brut. Cette longue et fructueuse période se soldera même par un titre de vice champion du monde. L’accession à la monoplace sonne vite comme une évidence, avec l’Angleterre comme passage obligé. Les pilotes brésiliens n’y sont plus accueillis par des regards moqueurs. Fittipaldi et Piquet sont passés par là, battant records de précocité pour l’un et records de victoires en F3 pour l’autre. Senna sera leur digne successeur. F Ford, puis F3, Senna survole la concurrence, tout en se faisant remarquer par son agressivité en piste. Une agressivité qui contraste avec sa mélancolie en dehors des circuits. La “saudade” envahit Senna. Loin des siens, il envisage plusieurs fois de revenir au pays. Mais la passion de la course reste plus forte que tout et Senna s’accroche à ses rêves de victoires. Des rêves d’autant moins fous que les grands noms de la F1 commencent à s’intéresser à lui. Williams, Lotus, Brabham, McLaren…
Dans le grand bain
C’est en 1984 que Ayrton Senna Da Silva débarque en formule 1 au sein de la modeste écurie Toleman-Hart. Senna réalise de bons débuts et marque même un point dés son deuxième GP seulement. La course suivante, à Saint-Marin il n’arrive pas à se qualifier. Mais à Monaco, sous la pluie, Ayrton surprend tout le monde. Partit en queue de peloton sur une piste détrempée, Senna déjoue les pièges tandis que les ténors de la discipline boivent la tasse. Il dépasse au culot le futur champion du monde Niki Lauda et revient sur Alain Prost leader de la course. Même s’il ne remporte pas la course, Senna vient de frapper un grand coup et marque les esprits. Le reste de la saison sera moins glorieuse avec un “retour à la normale” pour le jeune pilote. Il termine néanmoins la saison sur le podium d’Estoril aux côtés de Prost et Lauda.
En 1985, Senna quitte Toleman pour une écurie Lotus qui se remet difficilement de la disparition de son fondateur Colin Chapman. Pour cette saison 85 Lotus reçoit le soutien officiel de Renault ce qui laisse entrevoir le bout du tunnel pour cette grande équipe. Senna est associé à Elio De Angelis pour défendre les couleurs du team anglais. C’est le romain qui ouvre le score à Imola, mais Senna lui réponde de la plus belle des manières: en gagnant à Estoril sous la pluie. Ayrton gagne encore à Spa. Ayrton est apprécié du public pour son style spectaculaire et par ses ingénieurs pour sa capacité à analyser, à comprendre le comportement de sa monoplace. Le Brésilien est un excellent pilote et un fin metteur au point. Senna termine la saison à la 4ème place du championnat avec 38 points. Il roulera encore pour Lotus les deux années suivantes accumulant de l’expérience. En 87 il signe sa première victoire à Monaco théâtre de ses premiers exploits en 85. Cinq autres suivront durant sa carrière sur le tracé monégasque.
Senna-Mclaren: une association en or!
En 1988 Ayrton quitte Lotus pour l’écurie Mclaren. Il emporte avec lui le moteur Honda. Le défi est de taille pour le Brésilien qui aura pour équipier Alain Prost… Le duel entre les deux hommes est de toute beauté durant toute la saison 88 et se termine par une victoire de Senna au championnat. Si les relations entre les deux hommes semblent bonnes, elles ne le resteront pas longtemps. Prost juge que Senna est favorisé par l’équipe. Et sur la piste les deux pilotes ne se font pas de cadeau.
En 89 les choses tournent au vinaigre entre eux. A l’origine du litige un pacte de non agression non respecté par Senna au GP d’Imola. S’en suivra une guerre psychologique par médias interposés entre les deux champions.
Au Japon les deux pilotes s’accrochent. Senna reprend la piste (poussé par les commissaires de piste) et remporte la course. Mais il sera disqualifié après l’arrivée et perd toutes ses chances de remporter le titre. Senna est furieux et s’en prend au président de la FIA: Jean-Marie Balestre dans la presse. Senna sera pendant un temps interdit d’inscription pour la saison 1990.
Phoenix 1990: ouverture du championnat du monde: Ayrton Senna est bien présent sur la grille de départ. Le duel avec Prost peut reprendre de plus belle, même si le Français est partit chez Ferrari. Le duel entre Senna et Prost se terminera à nouveau dans le bac à gravier de Suzuka, mais cette fois c’est le Brésilien qui est sacré champion du monde. Il vient de se venger de Suzuka 89!
En 91 Senna réalise un début de saison parfait, avec 4 victoires en autant de course. Dont une chez lui à Sao Paulo. En fin de saison il devra gérer le retour en flèche des Williams.
Les Williams étaient trop fortes
En 92, les Williams seront intouchables. Senna ne peut rien faire contre cette voiture bourrée d’électronique. Il ne termine que 4ème du championnat derrière un jeune loup: Michael Schumacher.
La saison suivante Prost effectue son retour en F1, chez Williams, et bloque par là même l’arrivée d’Ayrton. Senna, peu motivé à l’idée de revivre le scénario catastrophe de 92 pense prendre une année sabbatique ou bien à s’exiler aux USA dans le championnat Cart. Il fera même des essais avec le team Penske. Mais Senna prend bien le départ de la saison 93 à bord d’une Mclaren.
Cette année là, Senna dispose d’un contrat course par course avec son employeur. Il espère ainsi mettre la pression sur Ron Dennis pour qu’il obtienne un moteur Ford identique à celui qui équipe les monoplaces de chez Benetton. A Imola le Brésilien arrive dans le paddock à quelques minutes seulement du début des essais, l’accord entre lui et son team n’ayant été trouvé qu’au dernier moment.
Senna remporte 5 courses au total dont une magistrale sous la pluie (encore une) à Donington ou il réalise un premier tour d’anthologie.
Mais Senna ne peut rien contre la Williams de Prost et comme en 1992, laisse échapper le titre.
Son association avec Mclaren se termine sur une ultime victoire à Adélaïde.
A la fin de la saison Senna quitte Mclaren pour rejoindre Williams. Cette association était pleine de promesses…
1994: Le chant du signe
En 1994, Senna signe avec l’écurie Williams qui avait dominé les saisons précédentes. Avec la meilleure monoplace du plateau Ayrton peut voir la saison qui arrive avec optimisme. Et pourtant, dés les premiers tours de roue de la FW14, Senna se rend compte que sa tâche sera plus ardue que prévu. La nouvelle réglementation technique, qui bannit les aides électroniques, ce grâce à quoi Williams avait survolé les saisons précédentes, a pour effet de faire fondre l’avantage des voitures anglaises et de resserrer la hiérarchie.
La première course de la saison à lieu chez lui à Sao Paulo. Il sera dominé par la Benetton de Michael Schumacher. Il partira même à la faute en essayant de suivre le rythme de l’allemand.
A Aïda, çà ne sera pas mieux. Partit une nouvelle fois de la pôle, Senna abandonne une nouvelle fois tandis que Schumacher s’impose pour la deuxième fois d’affilée.
Senna ne se sent pas à l’aise au volant de la FW16. Puis Ayrton a perdu ses repères, Prost et Mansell ne sont plus là. Il n’est plus le jeune loup mais le “vieux” qu’il faut détrôner.
“I miss you Alan”…
Puis vint Imola, le retour en Europe ce qui pour Senna marquait le vrai début de la saison. Pour ne pas se laisser distancer, il doit gagner.
Mais Imola ne sera pas un GP comme les autres. Dés les premiers essais Barrichello est victime d’une violente sortie de piste avec sa Jordan. Senna voit les images depuis son baquet. Marqué par l’accident de son compatriote il prend de ses nouvelles auprès des autorités médicales.
Samedi nouveau drame lors des essais qualificatifs, Roland Ratzenberger perd la vie. Senna se rend sur les lieux de l’accident ce qui lui vaudra des réprimandes des autorités sportives. Ayrton est très marqué par les derniers évènements. Il ne veut pas participer à la course du lendemain.
Lors de son intervention à TF1 pour laquelle il fait un tour de circuit, il dit cette phrase ” I miss you Alan”. Ayrton se sent seul depuis le départ de ses rivaux parmi lesquels le français était le plus féroce. S’ils avaient eu des relations tendues lors de leur cohabitation chez Mclaren, les deux pilotes étaient devenus ami depuis la retraite du français.
1er mai: Ayrton est installé dans sa monoplace, chose rare il n’est pas casqué. On peut lire le doute sur son visage, il est pensif.
Lors du sixième tour de la course Ayrton Senna perd le contrôle de son bolide et percute de plein fouet le mur de Tamburello.
Ainsi mourût Ayrton Senna, pilote impitoyable sur la piste mais homme au grand cœur en dehors. C’est ce qui différencie les bons pilotes des vrais champions…
Adeus Ayrton