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Malajube - Labyrinthe [2009]

Publié le 25 février 2009 par Mcachaine
Malajube - Labyrinthe [2009]

Malajube est arrivé comme une explosion dans le paysage musical indie québécois. Un premier disque garage, brute et un peu sale. Un second plus retapé, comme si la matière première préalablement exploitée était passée au travers toute les étapes nécessaires pour raffiner un produit. On peut donc dire, en gros, que Le Compte Complet s'apparente à du pétrole brut et que Trompe-l'oeil constitue sa transformation, c'est-à-dire de l'essence. Et à voir le coût du carburant depuis quelques années, cette métaphore plutôt moyenne s'applique et tient la route, surtout en considérant la valeur musicale de Trompe-l'oeil. Outre ces énergétiques considérations, Malajube a aussi fait le tour du monde en spectacle, débouchant sur quelque chose autour de 250 spectacles si ma mémoire ne me fait pas défaut. Considérons aussi tous les prix reçus, les acclamations critiques et populaires et Malajube se retrouve propulsé au sommet du monde musical québécois des derniers temps. Et ils accouchent ce mois-ci de Labyrinthe, oeuvre qui se différencie drastiquement du passé en proposant du contenu beaucoup plus lourd, posé, réfléchi et complexe. Suivez le guide pour passer au travers ces complexes dédales musicaux.

Une petite mélodie douce de piano, qui se métamorphose rapidement en combo habituel (guitare, basse, batterie, clavier) un peu pop, constitue le portail d'entrée de l'album. Mais brusquement, les gars de Malajube nous lancent un mur de son directement à notre visage : batterie rapide et forte multipliée à de la guitare à rythme rapide et une voix froide laissée en fond de mix, comme une espèce de narration décrivant notre passage au travers de cet album-aventure. S'ensuit un passage plus doux lui-même suivi par d'autres mélodies et rythmes qui varient sans crier gare. Cette chanson pop-rock à influence très progressive se termine par un 2 minutes 30 dominé par la basse et par une guitare électrique composant un crescendo absolument digne des meilleurs groupes de post-rock.

Évidemment, on n'en sort pas sans conséquences. Personne n'aurait cru qu'un jour notre groupe d'indie pop-rock tomberait dans le shoegaze, le progressif ou le post-rock. Et si certains fans pourraient en être choqués, les autres seront certainement satisfaits et heureusement surpris de découvrir une évolution musicale très appréciée. Tout n'est quand même pas perdu : Porté Disparu aurait très bien pu se retrouver chez Trompe-l'oeil sans cette espèce d'aura inquiétante générée par des synthétiseurs old-school glaciaux.

Et Labyrinthe porte vraiment bien son nom. Il est très difficile de se localiser lors de notre permier parcours. Ce nouveau son est surprenant mais aussi très complexe, et retrouver notre chemin dans ces sinueux dédales relève du défi au départ. De Casablanca, qui démarre d'une façon tellement douce qu'elle en est presque ridicule pour monter un climax avec un solo de guitare qui va certainement donner lieu à Julien Mineau de le faire coucher sur le sol, à 333, piste indie rock angoissante et lourde du niveau de Neon Bible d'Arcade Fire, on traverse un vrai complexe où la sortie semble loin et inaccessible. Dès la fin de 333, par contre, on respire un peu avec Les Collemboles, chanson prog-pop hyper intéressante et motivante, se terminant dans une explosion sombre et malade. On respire ensuite avec le skit suivant, Hérésie où, probablement de façon volontaire, Julien nous demande justement d'inspirer et d'expirer pour prendre une pause.

Influences progressives québécoises sur Dragon de glace. Chanson triste classique de Malajube en Le tout-puissant. On se dit que l'on a tout vu, que cet album ne nous résèrve surement rien d'autre. Mais on se met le doigt dans l'oeil, parce que l'épique finale Cristobald se veut une chanson carrément épaisse et brumeuse, franchement post-rock dérivant presque parfois vers le métal. On fait, réellement, le saut.

Mais au final, à la sortie de cet environnement mi-hostile mi-flamboyant mais toujours glacé, on découvre une nouvelle facette de Malajube. On savait qu'ils avaient du talent, beaucoup de talent. Mais on ignorait qu'ils étaient capables d'emprunter ce genre de sentier, de créer de la musique immensément complexe, étourdissante et tournoyante. Et que dire de la pochette, tout en relief. Bravo Malajube.

Note : 4/5

*et à tous ces journalistes et chroniqueurs incapables de voir plus loin que la voix de Mineau, placée très loin dans le mix, ouvrez-vous. C'est complètement ridicule et chiant de parler d'un album en ne donnant que des infos sur la voix (compris, Sylvain Cormier?) et en ne prenant pas compte de la qualité de la musique. Et comme l'a dit Marie-Hélène Poitras à ce sujet, ce serait comme de demander à Sonic Youth de jouer avec des instruments accordés. Tsss...


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