Il s'agit en effet d'une jeune fille un peu paumée de la campagne, qui traîne avec sa bande dans des auberges et des vieilles voitures, à fumer des joints, sans avenir et sans espoir. Jusqu'à ce que quelque chose fasse irruption dans sa vie, une rencontre, une aventure, un livre...
Le revolver de la couverture, lui, est plutôt lié aux autres nouvelles. Elles parlent d'un braquage qui tourne mal, de l'entrée en prison d'un malfaiteur, des premiers moments de la libération d'un détenu, de la longue attente d'un mac confiné dans une chambre et qui va exécuter un contrat... Des histoires de voyous, ces voyous que Jean Chauma connaît bien pour avoir été l'un d'eux (voir ici, ici et ici). Il en a déjà parlé dans Bras cassés et, de façon plus personnelle, dans Poèmes et récits de plaine (tous deux aux Editions Antipodes).
Mais au delà de l'anecdote, des détails du milieu, de la restitution des ambiances, trois choses ressortent des textes de Chocolat chaud. Le désespoir d'abord, qui tient la plupart des personnages, désespoir dû au sentiment d'une existence vide, lente, poisseuse, dépourvue de but, qui se traîne sans bornes ni mouvement.
Mais une fraternité existe aussi, entre voyous, entre prisonniers, entre braves gens. Elle ensoleille les relations et c'est elle qui, finalement, sort ces vies du sordide.
Puis, troisième chose, il y a le livre. Il apparaît en filigrane, dans la nouvelle dont j'ai parlé plus haut, sous forme de roman de série noire, et aussi dans la dernière nouvelle du recueil, ouvrant et refermant celui-ci comme une mise en abîme.
Le dernier texte raconte en effet la sortie d'un truand et ses retrouvailles avec un prisonnier politique qu'il avait rencontré en prison. « Alors s'était engagée une longue relation épistolaire et Yves avait appris à écrire et à lire à son ami. Puis il lui avait envoyé des livres, des romans d'abord, mais très vite le Gros s'était intéressé à la philosophie avec joie, bonheur. »
Une joie, un bonheur qui sont les seuls, semble penser Jean Chauma, à pouvoir donner du sens à une existence désolée.
Jean Chauma, Chocolat chaud, Antipodes
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