Histoire du jazz au Musée du Quai Branly. (ci-contre fragment d'une vaste photo de Jeff Wall qui clôt l'exposition)
-Pour ceux qui flotteraient encore sur L’Ecume des Jours, on y voit bien sûr une photo de Boris, des exemplaires de Jazz Hot mais aussi un article ironique signé d’un pseudonyme « Pourquoi nous détestons le jazz » ; et surtout La Nausée de Jean-Paul Sartre ouverte à une page édifiante où Roquentin affirme qu’à l’écoute d’un disque de jazz la Nausée s’estompe. Décidément, le modèle du burlesque Jean-Sol assassiné par Alise dans le roman avait vraiment les mêmes idées que le romancier qui le caricature ; dans L’Ecume des Jours aussi, le jazz donne une forme ronde et harmonieuse à la chambre des époux déjà gagnée par la pourriture. Malheureusement la musique se tait à mesure que la maladie gagne…
-Tout le début de l’exposition témoigne de la représentation du musicien noir : déhanché, traits grossiers, il incarne la fête débridée, sauvage. Aux documents musicaux se mêlent quelques photos terribles de lynchage, les paroles des Strange Fruits chantés par Billie Holiday (et la chanson, mais la musique se perd un peu dans le brouhaha des visiteurs, c’est tout le paradoxe de l’expo)…
-ce que j’ai trouvé le plus impressionnant ce sont les extraits de films : joie communicative des comédies musicales pour lesquelles Fred Astaire se grime en Noir, entrain des cake-walks ou de Josephine Baker, rythme hypnotique de l’extrait de L’Aurore de Murnau (où le jazz est la musique de la grande ville, de la séduction, de la trahison), ou d’un passage d’un film d’Antonioni (un solo de batterie encore hautement érotique, exécuté pour une femme en noir transportée)…
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