Ce vendredi à partir de 20h35, France 2 consacrera sa soirée à l’homme politique Pierre Bérégovoy. C’est l’acteur Daniel
Russo qui interprètera le rôle de l’ancien premier ministre français. Il a accordé une interview à France 2, Tele-News.org vous propose d’en découvrir quelques extraits :
Ça a commencé comment ?
Un jour, on m’a dit :
"Voilà, on a pensé à vous pour jouer Pierre Bérégovoy"… J’ai cru à une plaisanterie. Quand j’ai compris que c’était sérieux, je suis resté un peu dubitatif. J’ai immédiatement téléphoné
à Charly Koubesserian, parce que c’est un ami et parce que c’est le meilleur maquilleur de cinéma, et je lui ai dit : "Écoute, on me propose de jouer Pierre Bérégovoy, il faut que tu me dises
très franchement ce que tu en penses". Grand silence… Finalement, il a répondu : "Vas-y, fonce, ça le fait".
L’humain, c’est un peu votre spécialité. Tout le monde s’accorde à le reconnaître, y compris lorsqu’on vous confie des rôles de
salopards…
Peut-être. Mais c’est la moindre des choses qu’on puisse attendre d’un comédien, non ? Quand on tournait
A cran, le réalisateur Alain Tasma me disait : "Si tu arrives à faire aimer ton personnage, qui n’a vraiment rien pour lui, qui est un flic pourri, qui a vendu une collègue pour 20
000 balles, etc., c’est gagné !" Et je crois bien que les gens l’ont aimé, ce type ! Dans 93, rue Lauriston, je jouais le collabo Henri Lafont, qui était un beau salaud, un vrai
dégueulasse. Jean-Claude Grunberg, le scénariste, en voyant les rushes, m’a dit un jour : « Attention, tu vas m’en faire un héro ! » Je lui ai répondu : "Fais-moi confiance,
laisse-moi essayer. Ce type était un escroc, ce n’était évidemment pas écrit sur son front. Il avait le sourire, du bagout. Et puis, c’est bien pire quand les crapules ont l’air sympathique. Et
pire encore quand elles le sont." C’est vrai que j’ai cette passion : gratter, fouiller, aller chercher des choses profond… Et puis ruminer un texte. Une phrase, même banale, il y a trente
six manières de la dire. On la mâche, on la remâche. À la fin, il n’y a plus que deux manières : la bonne et la mauvaise.
Vous avez longtemps joué des seconds rôles. Depuis Neuf mois, au milieu des années 90 et surtout avec les années 2000,
les rôles qu’on vous a proposés sont devenus plus importants, plus complexes, on vous a décerné des prix… Vous avez l’impression que la reconnaissance a été longue à venir ?
Non. Au Conservatoire, un professeur m’avait dit : "Pour un comédien, tout commence après 40 ans". Quand vous en avez
vingt, vous faites la grimace. Et puis vous finissez par comprendre : il faut le temps que les choses se mettent en place, le temps de croiser quelques aînés, de les regarder travailler,
d’essayer de les copier. Le temps de prendre de l’épaisseur humaine. Un rôle comme celui de Pierre Bérégovoy, c’est quelques mois de préparation, quelques semaines de tournage et trente ans de
travail.
Propos recueillis par Christophe Kechroud-Gibassier
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