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Michel Garroté – Vendredi 1er mai 2009 – Le journaliste italien Vittorio Messori (ndmg : journaliste, et excellent vaticaniste, à l’égal de Sandro Magister et de George Weigel) interviewé par Il Corriere della Sera (ndmg : ah oui, au fait, je ne force pas à la lecture, ici, les lecteurs « allergiques » aux textes catholiques ; et je rappelle - en passant - qu’à l’inverse de nombre de protestants, je ne rate pas une occasion de soutenir le Pasteur François Celier et de diffuser ses écrits…) : « Après avoir atteint son 82e anniversaire, Joseph Ratzinger entame sa cinquième année de pontificat. Démentant encore une fois ceux qui ne le connaissaient pas, le poids de la tiare ne l’a pas accablé, et l’énergie pour des voyages aussi prenants que celui en Afrique ne lui a pas manqué. C’est aussi le mérite de la perspective qu’il tire de la foi. Je n’oublie pas son expression de surprise lorsque je lui demandai si ses nuits de Cardinal Préfet de la Doctrine de la foi étaient sereines. La contestation cléricale faisait alors rage, et sur son bureau, il arrivait des dossier inquiétants de partout dans le monde. C’est avec surprise, donc, qu’il me répondit : « Une fois mon examen de conscience fait et mes prières récitées, pourquoi ne devrais-je pas dormir tranquille ? »
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« Si je m’agitais, je ne prendrais pas au sérieux l’Évangile qui nous rappelle, sans façon, que chacun de nous n’est qu’un « serviteur inutile ». Nous devons faire notre devoir à fond, mais conscients que l’Église ne nous appartient pas, l’Église est à ce Christ qui veut nous employer comme moyens mais qui en reste aussi toujours le Seigneur et le guide. A nous, il sera demandé des comptes sur l’engagement, pas sur les résultats ». C’est avec ce même esprit qu’il a accepté le poids du pontificat : par obéissance, par amour de l’Église, de même que l’encore jeune professeur, avait souffert mais ne s’était pas dérobé lorsque Paul VI l’avait arraché à sa bien-aimée université pour le placer à la tête du grand diocèse de Munich, en Bavière. Passant, en avril 2005, à son nouveau bureau - à quelques centaines de mètres, à vol d’oiseau, de celui occupé pendant 24 ans - il n’a pas changé son style, marqué par la constance et la patience, sur un fond très allemand de sérieux, de précision, du sens du devoir. Le programme, il l’avait déjà clairement manifesté dès 1985 avec son Rapport sur la foi : une « réforme de la réforme », avec un retour au « vrai » Vatican II , pas à celui imaginaire des soi-disant - et vociférant – progressistes ».
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« Fidélité pleine à la lettre des documents de Concile, et pas un présumé et vague « esprit du Concile » : continuité, donc, et pas rupture dans l’histoire de l’Église, pour laquelle il n’y a pas un avant et un après. Un objectif clair, poursuivi d’abord comme principal conseiller théologique de Jean Paul II qui cependant, parfois, ne fut pas du tout en accord avec lui. L’amitié loyale entre les deux hommes, devenue vite de l’affection, n’empêcha pas la perplexité du Cardinal pour quelques initiatives comme les parades syncrétistes d’Assise, les demandes de pardon pour les fautes des morts, la multiplication des voyages aux dépens du gouvernement quotidien de l’Église, l’excès de béatifications et de canonisations, la “mise en spectacle” d’instants religieux, même comme une rockstar sur la loge papale et le choix de parements liturgiques selon les indications des réalisateurs de télévision. Ayant pleuré, avec une douleur sincère, l’ami vénéré, et en ayant pris la place, même sans l’avoir souhaité, devenu donc Benoît XVI, Joseph Ratzinger a continué son travail patient. Un adjectif que nous n’utilisons pas par hasard ».
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« En effet, la patience le marque toujours : par respect des personnes ; par réalisme en tant que chrétien qui sait quelle longue ténacité est nécessaire pour modifier les choses ; par conscience que l’Église a pour elle toute l’histoire et que ses rythmes ne sont pas ceux du « monde ». Ainsi, ils ont été déconcertés, ceux qui craignaient ou, au contraire, souhaitaient une sorte de blitz dans cette liturgie dont « la réforme de la réforme » était, pour le cardinal Ratzinger, une des choses parmi les plus nécessaires et peut-être les plus urgentes. Sa « révolution tranquille » n’a pas commencée avec un quelconque décret pour l’Église universelle mais avec le remplacement du Maître des Cérémonies pontificales, choisissant un liturgiste à sa convenance : ainsi, avant les contraintes, le retour à des rites dans la ligne de la Tradition commencerait avec l’exemple qui viendrait d’en haut. Si le Pape célèbre ainsi, tôt ou tard, l’évêque et le curé ne devront-ils pas aussi s’adapter? Patience, et prudence, également pour la langue liturgique, en ne bouleversant pas le missel mais en faisant cohabiter le latin auprès du vernaculaire, témoignant ainsi que Vatican II n’a pas été en rupture avec la Tradition et que saint Pie V ne fut pas moins catholique que Paul VI ».
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« Même patience vis-à-vis de la Nomenklatura ecclésiale : elle non plus n’a pas été bouleversée, mais à l’observateur attentif, il n’échappe pas substitutions et nominations qui révèlent une stratégie prudente et en même temps incisive. De toute façon, on ne comprendrait pas grand chose à ce pontificat si on ne tenait pas compte du fait que, pour Joseph Ratzinger, le problème des problèmes, ce n’est pas la « machine » ecclésiale mais le carburant ; ce n’est pas le Palais, ce sont les fondations. C’est-à-dire que c’est la foi qu’il sait menacée à la racine, cette foi que beaucoup croient incapable de résister à l’assaut de la raison, cette foi assiégée de tous côtés par le doute. Plus que celle de l’institution, la crise est celle de la vérité de l’Évangile qui la soutient et lui donne son sens. Comme il me l’a dit une fois : « Nous en sommes maintenant à un point où moi-même je m’étonne de ceux qui continuent à croire, et pas de ceux qui ne croient pas ». Constatation dramatique, qui sert de fond à un pontificat dont le centre, pas par hasard, est la recherche (patiente…) d’un nouveau rapport entre la raison moderne et la foi ancienne ».
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