Commençons par quelques légendes sur le St Nicolas. Tout d'abord celles liées à la mer, parce que St Nicolas est à la mer ce que l'eucalyptus est au suppositoire. L'on raconte qu'un jour de tempête en mer, une barque de pêcheurs fut projetée contre la falaise, qu'un trou se fit et que l'eau commença à remplir l'esquif. Alors apparut St Nicolas, qui chopa une carpe dans l'eau, boucha le trou avec et sauva les martins-pêcheurs de la noyade. Alors bien qu'on mange de la carpe dans les pays slaves aux environs de la St Nicolas jusqu'à la St Sylvestre, je n'ai encore jamais entendu personne prétendre avoir bouché quoi que ce soit avec, sinon les chiottes malencontreusement, lorsque le bestiau d'extirpa d'un coup de queue des mains maladroites de mon pote "Bohouš" tandis qu'il s'apprêtait à transporter l'animal de la baignoire vers la cuisine.
Et maintenant chers gens, je vous livre les éléments historiques qui, comme vous allez le constater, ne sont pas toujours unanimes.
Dans le courant du XIII ème siècle, on retapa l’autre église de la place de la vieille-ville, Notre-Dame devant le "Týn" ("kostel Panny Marie před Týnem", i.e. "Kostel Matky Boží před Týnem", i.e. "Týnský chrám"), et St Nicolas perdit la fonction d’église paroissiale au profit de sa rivale. Au milieu du XIV ème siècle, l'on transforma l'édifice roman en style gothique à 3 vaisseaux, et l'on y ajouta 1 tour frontale selon une source, 2 tours latérales selon une autre. Les 2 textes mentionnent cependant que l'église gothique n'avait pas de choeur, ce qui somme toute est totalement égal puisque cet édifice n'existe plus, ni en photo. Ce que l'on sait par contre grâce aux textes, c'est que l'administration religieuse avait sous sa juridiction une école, un cimetière, et qu'à partir de 1344 il y avait un marché à la volaille sur le terrain du curé. Dans la seconde moitié du XIV ème siècle, prêchait en l'église St Nicolas le prédicateur loufoque "Jan Milíč z Kroměříže". Il fut une sorte de grotesque pré-hussite illuminé (d'aucun lui attribue une déficience mentale à partir de 1363, après sa rencontre avec un autre illuminé: "Konrád Waldhauser"), ascète invétéré, convertisseur de ribaudes en bonnes catholiques, et accusateur du bon roi Charles IV d'antéchrist (il fut mis au gnouf pour ça d'ailleurs).
En 1635, dans le cadre de la recatholisation manu-militari de la Bohême à grand renfort de moines venus de pays ultra-cathos, Ferdinand III (fils de cette fripouille de Ferdinand II et roi de Bohême à partir de 1637) invita les bénédictins espagnols de Montserrat (l'abbé "Peňalosa" de Montserrat était le confesseur de la future reine Marie-Anne d'Espagne) au monastère d'Emmaüs, et l'on déménagea les bénédictins slaves qui vivaient là depuis lurette en St Nicolas vieille-ville.
L'abbé "Anselm Vlach" avait une vision très concrète d'à quoi devait ressembler la nouvelle église St Nicolas afin de concurrencer Ste Marie devant le "Týn", aussi il mit la main à sa propre poche afin de financer les travaux. Il fit appel au plus talentueux des architectes de cette époque: "Kilián Ignác Dientzenhofer".
Bien, et maintenant quelques éléments sur la déco du dedans. Tout d'abord notez le pas trop habituel agencement de l'espace intérieur sur un plan en forme de croix grecque (mais on a déjà vu ça ailleurs, cf. "Mariánská Týnice", "Rokycany"...). Notez que les branches de la croix sont reliées par des galeries voûtées au niveau du sol et par des balcons en hauteur.
Les statues (grandes et moyennes) sur la façade Sud sont également attribuées à "Antonín Braun". Vous pouvez reconnaître des saints patrons de la Bohême et des saints tout court (St Prokop, enfin, et St Nicolas, encore), des allégories de la clémence, de la foi, de la mour et de l'espérance (cf. les pourtours des 2 tours).
Alors cette visite fut une fois de plus organisée par le PIS, grâce auquel l'on arrive à visiter des monuments souvent inaccessibles au public. D'aucuns vous diront que ça fait "rencontre du 3 ème âge", les visites du PIS.
Pis lorsque la brave dame du PIS termina son prêche, elle nous fit passer dans le presbytère. Sonna alors l'heure de gloire du p'tit vieux. Il entra le dernier dans la pièce (et qui c'est qui surveille les étrangers?), la brave dame nous le présenta (mais je n'en sais pas plus, parce que je cherchais des mirettes qu'est-ce que c'est pourquoi donc qu'on était là) puis il prit la parole. Après une blague dont je ne me souviens plus de la teneur, il nous montra un relief de 50 x 70 cm sur le mur d'en face, et se mit à raconter quelque chose que je n'entendais pas, parce que trop loin de lui. Ah bon, c'est pour ça qu'on est là? Ouais, bof, c'est pas transcendant d'exceptionnalité. Au bout de 10 minutes, l'on commençait à quitter la pièce et je m'approchais du tableau. Quoi? "František Bílek"?
Ben voilà, on en a fait le tour. Alors je vous invite fort certainement à visiter ce joyau architectural, oeuvre majeure du génie dientzenhoferien. L'intérieur est souvent accessible lors des concerts, plus rarement pour une visite complète par soi-même (surtout si vous êtes étrangers).