Lionel Mouton déclare en exclusivité au Jivaro: "Je pars pour protéger la Satiété Générale des hyènes qui rôdent en ricanant"
De notre envoyé spécial James Kerviol.
J K : Pourquoi quittez vous la SG?
Lionel Mouton : Pauvre victime d’une odieuse cabale menée par des médias et des politiques gangrenés par une jalousie maladive, j’ai décidé de remettre ma démission au Conseil d’administration. J’ai même pris l’initiative dans un geste complètement fou et désintéressé qui m'honore de ne pas encaisser mes indemnités de fin de contrat !
J K : Oui mais vous toucherez dès 2010 une retraite de plus de 700.000 € par an !
Lionel Mouton : Rire jaune… 700.000 €, vous appelez cela une retraite ? Imaginez vous le manque à gagner que je vais devoir subir après des années de labeur justement rémunérées ? J’entrevois l’avenir avec frayeur et je pense même être condamné à déménager et à licencier la moitié de mes domestiques !
J K : Quelles ont été les réactions de vos salariés et de vos amis ?
Lionel Mouton : Rire gras. Les employés de la Satiété Générale sont très fiers d'avoir à leur tête un PDG qui gagne plus que les autres : cela montre que leur entreprise est au plus haut ! Quant à mes amis, je vais vous citer une anecdote amusante : un jour que nous roulions comme des enfants insouciants dans la Ferrari de Laurence (Parisot) avec Sophie (de Menthon), j'ai sorti tout à trac un slogan qui nous a fait mourir de rire ! "À la Satiété Générale, je me suis servi à satiété à la satisfaction générale", ai je sorti, pas qu'un peu fier... Après une cascade de rires cristallins, une voix a ravi mes entrailles, "cher, vous êtes désopilant" a répondu illico Laurence avec sa malice habituelle et Sophie d'ajouter : "quel esprit ce Lionel Mouton ! Il vaut largement sa toison d'or !" Ah ah ah ! Quel esprit, quels moments délicieux ! Quel couple harmonieux nous formions avec Laurence ! Quelle belle bande de copains : nous faisions tous les trois, à ce moment béni des dieux, bien loin des envieux et des jaloux, chevauchant notre Ferrari rouge F430 Scuderia, cheveux au vent ! Nostalgique.
J K : Comment avez-vous vécu les critiques venues de la classe politique ?
Lionel Mouton : En colère. Très mal ! Tout le monde sait bien que les banques sont les boucs émissaires de cette crise et ce n’est pas de leurs fautes si des citoyens indélicats au chômage ont contractés des crédits (subprimes) qu’ils n’ont pas pu rembourser : ce sont ces pauvres inconscients qui ne règlent pas leurs dettes, les responsables ! Mais quelle instance politique aura le courage de le dire ? Tout ce que les hommes politiques trouvent à faire dans un grand élan démagogique, c’est condamner des dirigeants d’entreprises dont la rémunération n’est que de quelques millions d’euros et non ces citoyens mauvais payeurs qui ont mis l’économie à feu et à sang ! Je suis écœuré par ce monde injuste, monsieur Kerviol, les hyènes veulent ma peau ! Toutes les nuits je les entends rôder en ricanant, je n'en peux plus ! [ sanglots dans la voix]
Note de la rédaction : après une crise de larmes de plus de 10 minutes, nous retrouvons Lionel Mouton, les lunettes embuées, défait dans son costume Pierre Balducci à 32.000 €…
J K : Quel bilan rapide faites-vous de vos années Satiété Générale ?
Lionel Mouton : Désespéré. Monsieur Kerviol, nous avons été trahi par un petit employé qui a impacté notre bilan, d’une moins-value de 5 petits milliards. Ce n’était pas si grave et nous aurions rattrapé la bévue sur un coup de bourse spéculatif bien affuté si cette satanée crise n’était pas arrivée si tôt ! En tout cas, personnellement, je suis extrêmement satisfait de mon bilan financier, ma famille aussi.
J K : Mais n’étiez vous pas responsable de cet énorme trou financier ?
Lionel Mouton : Vif. Ah ! je reconnais bien là les journalistes ? Toujours en train de cracher sur les patrons ! De quoi serais je coupable ? Du comportement d’un employé qui a été immédiatement exclu : n’est ce pas là une attitude sérieuse et réfléchie de la part d’un patron du CAC 40 digne de ce nom, de punir les employés indélicats, Monsieur Kerviol ?
J K : Mais vous auriez pu démissionner car tout capitaine est comptable de ses matelots et de son navire !
Lionel Mouton : Hors de lui. Comptable ? C'est un terme que je ne goûte guère ! Le discours que vous tenez là, Monsieur Kerviol a des connotations bolcheviques : depuis quand un patron de banque, est il responsable des pertes occasionnées par des évènements indépendants de sa volonté ? Tout ceci est de la faute à la crise et j'estime n'avoir strictement rien à me reprocher ! De toutes manières, je trouve vos insinuations intolérables, je vais me plaindre du déroulement de cette interview à votre patron qui est un de mes amis, il possède un compte chez moi. Je ne vous salue pas Monsieur…
- Toute ressemblance avec des lieux ou des personnes existantes ne serait que pure coïncidence et cette interview parodique n'est qu'un grossier pastiche...
- L’interview originale est ici.
Cui cui, pigeon voyageur.