Avant que cette menace de suppression ne soit mise à exécution, une initiative avait été lancée pour les défendre et avait abouti, juste au moment de cette
suppression.
Depuis un contre-projet a été largement adopté par le Parlement helvétique - au Conseil national par 152 voix contre 16 et 24 abstentions, au Conseil des Etats par 41 voix contre 0 et 2
abstentions. Du coup l'initiative "Oui aux médecines complémentaires" a été retirée.
Le contre-projet prévoit d'inscrire la prise en compte des médecines complémentaires dans la Constitution. Il fait l'objet d'une votation qui aura lieu le 17 mai prochain. Pour
être adopté il faudra qu'il le soit à la majorité double du peuple et des cantons. S'il
l'est, l'article correspondant de la Constitution sera libellé comme suit :
Art. 118a (nouveau) Médecines complémentaires
La Confédération et les cantons pourvoient, dans les limites de leurs compétences
respectives, à la prise en compte des médecines complémentaires.Dans ses explications ( ici ) le Conseil fédéral dit ce que recouvrent les dites médecines :
Les "médecines complémentaires", appelées aussi médecines alternatives ou empiriques, recouvrent un grand nombre de méthodes de diagnostic, de traitement et de prévention, qui sont proposées parallèlement à la médecine scientifique ou comme thérapie de substitution.
Cette reconnaissance ne sera toutefois pas complète comme l'article 118a l'indique. Les explications du Conseil fédéral montrent bien qu'il faudra encore batailler après ce premier pas :
Si le contre-projet est accepté, il appartiendra donc au Parlement et le cas échéant au peuple de fixer dans la loi les mesures permettant de mieux prendre en compte les médecines complémentaires dans le système de santé.
Ceci dit il ne faut pas bouder notre plaisir de voir que, puisqu'assurance maladie obligatoire il y a, un espace de liberté pourra alors tout de même s'y exercer et que les médecines dites complémentaires seront alors reconnues.
Parmi les arguments des opposants au contre-projet, deux ont retenu mon attention : le surcoût qu'engendrerait cette adoption et l'efficacité de telles médecines qui ne serait pas prouvée.
A propos du surcoût les chiffres les plus fantaisistes circulent. Toni Bortoluzzi, président de l'UDC, se livre à un calcul acrobatique, et invérifiable ( ici ), et aboutit à un demi-milliard de francs. Pascal Couchepin qui a l'obligation de défendre le contre-projet, et le fait mollement, parce que dans son for intérieur il y est hostile, avance le chiffre de 80 à 100 millions ( ici ), sans démonstration.
En fait, selon les chiffres mêmes de l'OFSP, les prestations annuelles de 2004 - dernière année pleine au cours de laquelle les 5 médecines complémentaires faisaient encore partie de l'assurance de base -s'élevaient à 25,6 millions...
A propos de l'efficacité je peux au moins témoigner de mon cas personnel. Quand j'avais l'âge de 18 mois, j'ai malheureusement été victime d'otites à répétition. Le médecin allopathe de famille m'a fait 5 parasynthèses de chaque côté. Ce qui ne m'a pas guéri et a commencé à me rendre sourd.
J'ai pu vérifier ultérieurement avec mes propres enfants que l'effet placebo ne jouait aucun rôle dans les résultats obtenus sur eux par l'homéopathie. Très pramagtiquement, je reconnais que je ne comprend pas bien, scientifiquement parlant, comment cette médecine opère, mais force m'est de constater qu'elle est bougrement efficace.
Né prématuré je ne devais pas survivre. Mes parents, catholiques, m'ont fait ondoyé le jour même de ma naissance, puis baptisé 5 jours après, ce qui n'était pas courant, même à l'époque. Depuis plus d'un demi-siècle l'homéopathie est pour moi une médecine alternative à la médecine scientifique, qui n'est pour moi qu'une médecine complémentaire.
Si je reconnais donc que la médecine scientifique, dite académique, a sa place, et ses mérites, comme dans d'autres domaines, la liberté de choix des citoyens entre les différentes médecines doit pouvoir s'exercer. Dans le document publié le 8 février 2007 par le Comité d'initiative "Oui aux médecines complémentaires", la liberté de choix est décrite en ces termes ( ici ) :
La liberté de choix n'est pas la liberté de l'individu de vivre dans l'insouciance et, quand il est malade, de se décharger de tous ses coûts sur le système de l'assurance et sur la "communauté solidaire" de tous ceux qui cotisent. Les initiants estiment qu'il fait partie de la liberté fondamentale de chacun de se décider pour ou contre certains de traitement et de médicaments. Il faut pour cela que l'accès à une pluralité de méthodes et de produits thérapeutiques qualifiés de la médecine académique et de la médecine complémentaire soit garanti.
Ce paragraphe me paraît fondamental. Il rappelle que dans une société où les citoyens sont considérés - ou devraient l'être - comme "des individus matures et raisonnables", la responsabilité et la liberté vont de pair et sont inhérentes à leur dignité.
Francis Richard