Le 1er mai est traditionnellement le jour du muguet et des défilés. Ces
coutumes sont tellement ancrées dans notre imaginaire de français que l’on ne
conçoit pas un 1er mai sans muguet et sans défilés.
Malgré tout, autant j’avoue avoir un faible pour cette jolie petite fleur
délicate qu’est le muguet et en conséquence m’adonner tous les ans à cette
charmante coutume qui consiste à en offrir quelques brins à la gente féminine
de mon entourage …proche (je précise parce qu’il y en a qui serait capable de
venir quémander), autant je n’ai encore jamais participé à cette non moins
charmante coutume qui consiste à défiler dans les rues pour marquer ma
réprobation des agissements du pouvoir en place.
Déjà que par nature je ne suis pas un fan de ces grandes manifestations de
masse pendant lesquelles dans un grand moment de convivialité on va marcher
tous ensemble derrière des banderoles et au son de slogans nécessairement
excessifs et rudimentaires, mais le 1er mai je suis encore moins tenté de
forcer ma nature.
Cela ne m’empêche évidemment pas de penser, et sans juger de la validité des
contestations ainsi exposées, que la manifestation est un moyen légitime pour
exprimer haut, fort et publiquement son mécontentement face à la politique de
nos gouvernants ou de dénoncer une situation particulière jugée
inacceptable.
Dans les 2 cas la manifestation joue un double rôle, faire passer un message
à l’opinion publique et faire pression sur les décideurs.
Et même si je suis persuadé que dans une démocratie, les décisions
politiques ne se prennent pas dans la rue ou sous la pression de la rue, la
manifestation est un moyen laissé aux citoyens pour s’exprimer et ils ne sont
pas si nombreux pour que l’on puisse s’en passer.
Pour autant, il y 2 raisons pour lesquelles la manifestation du 1er mai se
passera de ma présence cette année et probablement toutes celles qui suivront
:
Le 1er mai, on manifeste, c’est une évidence, depuis des décennies tous les
1ers mai il ya manifestation comme il y a ravioli le jeudi. Pourtant le
contexte politique, social et économique n’est jamais le même, mais qu’importe,
on manifeste !
Il y dans cette pratique rituelle, qui je le rappelle est une manifestation publique de contestation, quelque chose de systématique et d’automatique qui me dérange profondément. Cela signifie t’il que l’on est jamais satisfait de la politique que mènent nos dirigeants pourtant démocratiquement élus ?...quel sens cela a-t-il d’aller tous les ans, à la même date, battre le pavé quelles que soient les circonstances et les élus ainsi incriminés ?
Autre raison rédhibitoire, dans ces manifestations très générales, se
retrouvent des personnes qui exposent des revendications diverses et variées,
c’est un inventaire de récriminations à la Prévert !
Autant sur un sujet qui me tient à cœur je pourrais m’exprimer dans la rue,
autant je n’ai aucune envie de me retrouver dans un défilé à coté des étudiants
qui protestent contre une réforme de l’Université que je soutiens, à coté des
troupes du NPA qui veulent abattre le régime capitaliste, à coté de Bernard
Thibaut ou Jean-Claude Mailly dont je ne partage pas la conception du
syndicalisme, à coté des employés de GDF qui réclament des augmentations de
salaires faute de quoi ils menacent d’agir contre les intérêts de leur
entreprise et plus généralement à côté de toutes les corporations qui défendent
leurs propres intérêts sans qu’ils soient nécessairement compatible avec ceux
de la collectivité !
Et puis, cette année spécialement, je n’ai pas envie d’être associé à tous
ceux qui de manière systématique et peu nuancée accablent le Gouvernement de
tous les maux, de toutes les conséquences de la crise, des licenciements chez
Continental jusqu’à la baisse de la valeur de leur maison !
J’ai également beaucoup de choses à reprocher à Sarkozy mais ce ne sont
probablement pas les mêmes que celles qui motiveront l’essentiel des
manifestants de ce 1er mai 2009 !
Enfin, quelle efficacité peuvent bien avoir des défilés aussi massifs
soient-ils, lorsqu'ils recouvrent des réclamations aussi disparates !
…s’il n’en ressort pas un message clair, susceptible d’être immédiatement
interprété de la même manière par tous, la manifestation n’est qu’un prétexte à
une joyeuse randonnée de groupe !
En conséquence, et contrairement
à certains, dont je respecte pour autant le point de vue, je n’irai pas
manifester pour tout et n’importe quoi, le 1er mai, uniquement par respect
d’une tradition de contestation, pour passer un bon moment avec des copains
voire pour me défouler…et ce n’est pas pour me défiler !