N’est-il pas rageant de découvrir des lieux de thé dans sa propre ville qu’une fois de temps en temps ? Oui un peu mais il faut dire que mon guide est la patte blanche qui permet de brûler les étapes. Celle qui par sa chaleur humaine vous présente et qui vous permet d’être tout de suite au plus près des conseils. Francine de La théière nomade est revenue sur Paris et j’ai eu la chance de la revoir. Souvenez-vous la dernière fois elle m’avait emmenée dans un périple d’ivresse fabuleux, les prémices et la suite. Bon, il y a aussi une autre raison, j’ai besoin d’être amenée dans une maison de thé. J’avais eu du mal à rentrer dans « mes » premières librairies mais les livres ont cela de fabuleux : ils sont sur des présentoirs, touchables, manipulables, palpables et violables (au sens que je peux lire une ligne intérieure même si rarement, que je regarde la pochette, la quatrième de couverture, quelque fois le sommaire)… Je ne peux pas de moi-même arriver jusqu’aux boites à thé, sentir leur contenu, toucher les feuilles. Il me faut parler, mettre des mots sur une activité passionnante, la dégustation de thés, sur ma joie de boire des crus différents. Connaitre un peu mieux ma manière de boire … et faire confiance.
Alors après avoir contempler ce que font les lettrés chinois au Musée Cernuschi dans la période Ming et Qing, Francine m’a emmenée dans un tout petit endroit, plein de thés et accessoires, Bonthés et accessoires.
Un tout petit espace rempli de superbes théières allant des originales ou plus pures, des tasses, aux mugs en passant par des zhong… Cette grenouille sur le rhizome de lotus aurait bien pris place chez moi, pour les akhènes peut-être, ou pour cette impression de bouquet éternel comme un bouquet de saison. je fus très attirée par les contenants à théières, en bois ou en osier molletonné comme encore un autre aspect de cette manière d’être au thé : occidental, oriental, tea party ou nomade. Les gourmandises plus accessibles étant à côté d’une bibliothèque de thé bien achalandée en livres spécifiques et pas superficiels. Nous attendions l’hôte de la maison en vain, en dégustant un Genmaicha au matcha offert par notre accueillant, je reviendrais pour converser avec l’âme de cette « boutique » même si je l’ai rencontrée ailleurs (je vous en parle très vite). En espérant revenir dans ce lieu pour découvrir toutes les saveurs et aussi visiter leur prochain site internet.
Après, une pause repas à Thés de Chine, comme à la dernière rencontre avec Francine, nous avons pris le menu thé et vapeurs, toujours aussi fins… un Grand Pouchong pour moi, un Tie Guan Yin pour Francine (et une mer dans mes bagages… oui plus tard). Vivien n’était pas là mais l’accueil toujours personnalisé (avec Francine).
Enfin un passage dans une boutique colorée, aux murs en faïence motif de ferme, colorée de ce vert si caractéristique mais plus encore, pleine de boites stylées, de décorations en laine mouillée (cette fois-ci des papillons dans la vitrine), d’étagères en bois de récupération ou flottés : ThéOdor. Je connaissais la marque pour avoir deux boites offertes, le thé « Madame » (fumé aux groseilles) et le thé « Je t’aime » (noir aux macarons), avec une réelle préférence pour le premier, le second réservé pour les envies de pâtisserie peu sucrée (comme la tarte aux pommes)… mais je n’avais aucune idée en arrivant là d’être à ce point emballée par notre hôtesse. Amatrice débutante, je m’en allais gaiement vers les thés natures. C’est vrai que depuis deux mois, je n’ai pas eu le temps de me poser et donc pas eu le temps de déguster à ma façon un thé. Alors les thés parfumés ont pris le relais. Plus abordables à une femme pressée et stressée, ils m’ont suivie sans que je me pose de question. Ce sont les thés offerts, les thés de Tea Time (avec une pâtisserie, mes thés natures sont bus seuls ou avec un soupçon de rien… une amande, une noix, une feuille d’épinard, oui, oui, un grain de raisin etc…). Ce sont aussi des thés bus en théière en porcelaine, pour tous, convives associés. Des thés aux parfums forts que je ne peux infuser pour moi seule qu’en prenant une cuillère à thé. Un thé de boisson plus qu’un thé d’apparat.
Mais seulement voilà. L’hôtesse, Nadia, étant ce qu’elle est, je me suis très vite sentie harponnée, dans le très bon sens du terme : un stimulus et après une discussion sur ma façon de boire qui m’a laissée presque sans voix (impossible je suis une grande bavarde). J’avais oublié aussi que le thé pouvait être festif, comme une madeleine de Proust.
Un petit test de choix de thés au départ, au nez surtout, pour que notre hôtesse se rende compte de ma sensibilité et ensuite, elle a pris le temps de reprendre avec moi les bases du parfumé. Le dosage thé noir (ou vert) et parfums naturels. Me dirigeant vers ceux qui étaient à ma portée d’accueil et d’adoption (pas la capacité à apprécier mais bien celle à trouver le thé juste à ce moment-là d’une journée, d’une envie), soit le pourcentage de thés le plus importants et des parfums plus en association qu’en compensation du thé. Sans avoir parlé de thés natures (ou si peu en indiquant boire beaucoup de Wulongs, une quinzaine de différents dans ma Théothèque), elle m’a entourée, enveloppée dans cette vision qu’elle a de moi amatrice de thé, les mots sont justes, les idées très claires et certains conseils évidents : thés verts japonais et Long Jing chinois… les autres ne reviendront plus (petite annotation personnelle : si peut-être encore un peu de thé de rochers, j’aime en ce moment). Sa manière de parler de thés commémoratifs d’une émotion, de thés colonne vertébrale pour se recentrer après des découvertes, est une façon de voir qui m’emporte loin. J’ai aimé sa façon, assez éloignée des orientaux, d’aimer le thé parfumé, de donner des pistes, de jouer à cache-cache, de proposer des retours en arrière… une psychologie fine aussi qui donne envie d’y revenir pour se sentir être quelqu’un qui se construit une personnalité de thé. De quoi choisir quelques thés parfumés pour être en bonne compagnie dans mes étagères, cette fois-ci choisis en connaissance de cause.Et que dire du thé de petit garçon, allez, je vous en parle un autre jour. Mais vous pouvez me voir buvant les paroles de l'hôtesse chez Francine là avec le reste de notre journée. Merci encore Francine pour ce parcours dans ma ville.