Guerre et Paix

Quand on prend une branlée il faut faire deux choses:

1. Faire le deuil de la victoire
2. Analyser les raisons de la défaite

Et si l’on a un minimum d’intelligence, faire la synthèse des choses, adapter sa préparation et prendre les dispositions pour ne pas reproduire les erreurs.

Lorsque la défaite implique notamment le fonctionnement d’une organisation, il faut de plus déterminer le plus finement possible les causalités internes et structurelles qui peuvent en partie expliquer que la victoire n’est pas dans son camp.

A l’aune de ces quelques réflexions, il semble que le PS ne soit pas constitué de gens intelligents.

Tout d’abord parceque Ségolène Royal a reproduit nombre d’erreurs qui avaient plombées la candidature Jospin. Ensuite parcequ’encore une fois la superposition d’un appareil partisan avec un appareil personnel a montré ses limites.

Ensuite parceque les anicroches ne cessent de se répéter entre les ténors offrant le spectacle désolant d’une armée battue qui s’éparpille aux quatres vents une fois la défaite consommée. Au lieu de tenir tête et de faire front, la débandade de ceux qui sont censés tenir le parti fait froid dans le dos.

Enfin, et devrais-je dire, malheureusement, parcequ’à l’évidence le PS n’a pas la force de ses ambitions.

Beaucoup de gens de gauche pensent pour elle, des économistes (Cohen, Piketty, Askenazy, Aighon) mais aussi des sociologues (Maurin, Todd) et diverses personnalités issues de la société civile apportent leurs contributions. Et pourtant.

Pourtant le projet socialiste était mal ficelé, mal construit, trop vague et théorique. Incapable de faire face à la pseudo modernité médiatique de Nicolas Sarkozy, à ses formules chocs.

Les français portent une responsabilité certaine dans l’échec du PS, s’étant laissés apprivoiser par la rhétorique simpliste de l’UMP, c’est certain. Mais rien n’était gravé dnas le marbre1

En travaillant de manière ésseulée, y compris en recueillant les avis par forum interposé, la candidate PS a sabordé la machine. Reste cependant à savoir si la machine aurait pu sauver la candidate.

J’ai assisté hier soir au premier atelier de la rénovation, rue de Solférino, quartier hautement populaire s’il en est. Et la réponse est sans appel:non.

Non, la base du PS n’aurait pas pu sauver sa candidate. La faute à une vieillitude physique et intellectuelle. La faute à des antiennes faites de crispations et de mémoire des temps anciens.

Le simple prononcé de la phrase “libéralisation du marché du travail” suffisant à faire tourner de l’oeil la moitié de l’assistance, l’autre se contentant d’avoir le sang qui bouille. Il faut dire qu’avec ses doctes manières Elie Cohen a de quoi agacer.

On peut encore affirmer des valeurs de gauche, avoir une méthode de gauche, et chercher ce qui peut marcher où que cela se trouve. Et c’est le devoir, le grand devoir, de la gauche que d’aller chercher ces idées, ces innovations politiques et économiques, ces propositions. Sans tabous, sans préjugés mais avec méthode. En cherchant toujours à les adapter, à les tester, à les améliorer.

La gauche ne manque pas d’idées, pas de penseurs, mais elle est trop prise dans un élan défensif pour comprendre que l’avenir ne se construit pas uniquement sur de vieilles recettes. La nouvelle cuisine emprunte le meilleur à la longue tradition culinaire pour s’appuyer dessus, puis croitre d’elle même en apportant d’autres saveurs, chinées au gré du monde, pour relever les plats et créer de nouveaux goûts.

Les 130 personnes que j’ai vu hier soir ne sont pas toutes adeptes du ragoût de grand-mère, mais elles sont malheureusement trop réticentes à utiliser leurs papilles.

Une lueur d’espoir cependant, deux jeunes (les fous!!) ont prit la parole, disant des choses fort juste et faisant un diagnostic fort pertinent. L’un d’eux appartenait au collectif désir d’entreprendre.. Si même les entrepreneurs se mettent à penser pour le PS, la partie est peut être gagnable en 2012… Mais faut pas trainer.

1. Ou alors ci-gît le PS ? [Retour]