Alors que la manifestation d'hier n'a pas rameuté grand monde dans les rues - lassitude ou fin de combat ? - la coordination nationale des universités a appelé « les enseignants-chercheurs et les personnels administratifs à ne pas organiser la tenue des examens jusqu'à la satisfaction de ses revendications ».
Pas d'examens, la balle dans le camp des ministres
Pour la CNU, il est impératif que ces examens n'aient pas lieu, mais pour Mme Hatchuel, professeur d'anglais au Havre la situation a pris une tournure fatale. « C'est bien dommage d'en arriver là, ça fend le coeur d'avoir à voter une telle motion, mais on en arrive à un point où on doit appeler à la non-tenue des examens. La balle est dans le camp des deux ministres maintenant » précise-t-elle, en évoquant les deux ministres.
Demain, une grande journée de manifestation est encore attendue et la CNU a voté hier « la poursuite de la grève dans les universités et les laboratoires ». En effet, 49 universités sur 83 « retiennent les notes du premier semestre ; 51 universités sont en grève totale ou partielle ; 44 universités sont bloquées ; 14 universités ont appelé au boycott des jurys de baccalauréat ».
Pécresse monte au créneau : que si des examens !
Réaction immédiate ou presque ce matin sur France 2 de la concernée, Valérie Pécresse pour qui « les examens se tiendront dans de bonnes conditions ». Et d'accuser la CNU avec son appel de la veille d'irresponsabilité crasse. D'ailleurs, la réponse de la ministre est implacable : rattrapages et examens auront lieu, elle mettra « tout en oeuvre » pour que ce soit le cas.
Invoquant la sagesse des doyens d'universités, qui sont les garants des examens, la ministre brandit le bâton - avec lequel elle se fera battre. « Il est inconcevable quand on est universitaire de refuser de faire passer les examens à ses étudiants », d'autant que si des petits malins « pressentis ou qui ont dans leur service l'obligation de faire passer les examens ne le font pas, ça s'apparente à du service non fait ». Et dans ce cas, des retenues sur salaire pourraient avoir lieu.
Enfin, alors que le décret sur la réforme du statut des enseignants-chercheurs a été publié samedi au Journal Officiel, la ministre pointe que le travail n'est pas achevé : « Nous rédigeons actuellement une circulaire d'application pour garantir aux universitaires que ce décret ne donnera pas lieu à ce qu'on pourrait appeler des abus de faiblesse, c'est-à-dire que ce décret ne serait pas une façon pour la direction d'une université de profiter de ce qu'une personne est jeune ou inexpérimentée pour lui faire faire des services qu'elle ne veut pas faire. Aujourd'hui l'accord de tout universitaire est nécessaire pour la modification de son service. »